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Aviation d'affaires et jets privés: quel est son poids en France?

Le gouvernement se dit prêt à réguler le trafic des jets privés pointés du doigt pour leur bilan carbone.

Le secteur aérien est régulièrement accusé de participer au réchauffement climatique et si les compagnies aériennes promettent des efforts, les regards se tournent désormais vers l'aviation d'affaires et notamment les jets privés qui pour certains représentent un scandale écologique.

Amplifiée sur les réseaux sociaux, la polémique fait réagir jusqu'au sommet de l'État. Dans les colonnes du Parisien, le ministre des Transports Clément Beaune affirme "qu'on doit agir et réguler les vols en jets privés". "Cela devient le symbole d'un effort à deux vitesses", concède-t-il.

"Sans tomber dans la démagogie, ni dans la chasse ad hominem, il y a un certain nombre de comportements qui ne passent plus. Il existe des motifs d'urgence, des impératifs économiques, mais ça ne peut pas être un mode de déplacement individuel de confort, alors que la mobilisation générale engagée par le président nécessite que tout le monde fasse des efforts", explique le ministre.

La France, premier marché d'Europe pour les jets privés

Mais concrètement, que pèse ce trafic en France? Il faut d'abord savoir qu'il existe différents types de jets sur le marché, allant des avions d’affaires très légers (Very Light Jets) qui ont jusqu’à 5 sièges aux avions d’affaires lourds (Large Jets) qui peuvent transporter une vingtaine de passagers. Le marché est principalement porté par la location de jets privés, même si certains particuliers optent pour l’achat de ces engins.

Selon le rapport de l’European Business Aviation Association (EBAA) de 2021, on a compté 243.189 mouvements d'avions d'affaires (départs et arrivées en France) l'an passé, soit une croissance de 2,5% par rapport à l’année 2019.

La France est ainsi le premier marché d’Europe en termes de mouvements de jets privés. Le marché mondial est dominé par États-Unis et l’Europe, qui englobent 90% de l’activité du marché et 77% de la flotte mondiale de jets privés.

Une activité qui ne souffre pas de la hausse des prix

L'essentiel a lieu depuis et vers l’aéroport de Paris Le Bourget avec 48.591 mouvements dont 2596, vers Nice Côte d’Azur en 2021, la liaison intra-nationale la plus courante.

La crise du covid a été un catalyseur pour ce marché. "Depuis la fin des restrictions dues à la crise sanitaire, notre activité a bondi de 30% par rapport à 2019. C'est du jamais vu. Avant le covid, l'aviation d'affaires était plutôt en baisse chronique de 1 à 2% par an mais dès la réouverture, les choses ont changé", explique Charles Clair, président d'Aston Jet, un des acteurs de ce secteur, lors du congrès annuel de la Fnam (Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers).

Même les augmentations de prix dues à la flambée du prix du kérosène n'ont pas freiné cette tendance. "Même avec des tarifs en hausse de 20/25%, les clients sont là. Notre vrai souci, ce sont les pièces détachées. Elles coûtent deux à trois plus chers mais surtout, il faut parfois attendre jusqu'à six mois pour les avoir" souligne le dirigeant.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business