BFM Business
Transports

Après plusieurs épisodes de grève, les contrôleurs aériens français dans l’œil du cyclone

Des grèves à répétition depuis le début de l’année pénalisent les compagnies aériennes et lèsent les passagers. Un sénateur propose de les obliger à se déclarer grévistes à l’avance.

Le droit de grève des contrôleurs aériens va-t-il être restreint? C’est en tout cas ce que prévoit une proposition de loi qui doit être examinée par le sénat le 15 juin prochain. Elle a été déposée par le sénateur centriste Vincent Capo-Canellas qui juge nécessaire d’aligner les règles s’appliquant aux contrôleurs aériens à celles qui prévalent pour les compagnies aériennes. Les salariés souhaitant répondre positivement à un arrêt de travail lancé par leurs représentants syndicaux devraient se déclarer grévistes 48 heures à l’avance.

Mais pourquoi restreindre le droit de grève des contrôleurs aériens? A cause de l’impact de ces mouvements sociaux. Depuis le début de l’année, le cap des quarante jours de grève a été passé. Avec, la plupart du temps, fort peu de grévistes sauf que la Direction générale de l’aviation civile ne souhaitant pas prendre de risque instaure le service minimum et impose aux compagnies aériennes d’annuler des vols à titre préventif.

La pétition de Ryanair signée par plus d'un million de personnes

Ces dernières ont été contraintes d’annuler plusieurs milliers de vols au départ ou à l’arrivée des aéroports français, lésant près d’un demi-million de passagers qu’elles ne sont pas obligées d’indemniser, leur responsabilité n’étant pas engagée. Mais il faut aussi prendre en compte le survol de la France que ce même service minimum rend plus compliqué, occasionnant là encore retards et même annulations de vols.

Les compagnies européennes concernées estiment à près de onze millions le nombre de passagers pénalisés par ces grèves à répétition des contrôleurs aériens français. C’est le cas notamment de Ryanair qui s’estime particulièrement lésée. La plus grosse compagnie aérienne d’Europe a même mis en ligne une pétition dans laquelle elle demande un changement des règles pour préserver le survol de la France en permettant par exemple aux contrôleurs aériens des autres pays de pouvoir se substituer si nécessaire à leurs collègues français. La pétition a déjà été signée par plus d’un million de personnes.

Si les propositions de Ryanair, très radicales, n’ont quasiment aucune chance d’aboutir, ce n’est pas le cas de celle de Vincent Capo-Canellas. Tous les syndicats représentant les contrôleurs aériens ne s’opposent pas à l’idée de la déclaration obligatoire à l’avance des salariés souhaitant se mettre en grève. Mais à une condition : que le service minimum qu’on leur impose soit moins strict, avec notamment un nombre plus restreint de contrôleurs réquisitionnés à chaque fois qu’un appel à cesser le travail est lancé.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco