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A Pontoise, le premier vertiport européen, dédié aux taxis volants, prend forme

Les industriels et les institutions faisant partie du projet lanceront les premières expérimentations en conditions réelles cet hiver. L'objectif est de pouvoir accueillir les premiers taxis volants en 2024.

Il y a quasiment un an, la région Ile-de-France, l'opérateur de transport urbain RATP et le gestionnaire des aéroports parisiens Groupe ADP lançaient un appel à manifestation d'intérêt afin de lancer une filière française de mobilité aérienne urbaine articulée autour de taxis volants.

L'objectif est de pouvoir proposer en 2030 "une offre commerciale" mais avec "un jalon important en 2024", celui de démonstrations à l'occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques, selon Marie-Claude Dupuis, directrice stratégie, innovation et développement du groupe RATP.

En janvier dernier, une trentaine d'acteurs ont été sélectionnés notamment le constructeur allemand Volocopter et son véhicule électrique à décollage vertical (eVTOL) baptisé VoloCity.

Le premier vertiport européen

Les premières expérimentations en conditions réelles de cet engin auront lieu cet hiver au sein de l'aérodrome de Pontoise (Val d'Oise). Airbus pourrait également tester son propre appareil 100% électrique.

Un exemplaire de taxi volant présenté à l'aéroport de Pontoise-Cormeilles-en-Vexin, le 30 septembre 2020
Un exemplaire de taxi volant présenté à l'aéroport de Pontoise-Cormeilles-en-Vexin, le 30 septembre 2020 © ERIC PIERMONT © 2019 AFP

La zone de tests a été étudiée avec les autorités de l'aviation civile pour "garantir la sécurité des vols et la bonne cohabitation avec le reste du trafic aérien", a commenté le directeur général exécutif de Groupe ADP Edward Arkwright.

"Nous allons faire naître à Pontoise, le premier vertiport européen", commente Augustin de Romanet, le patron du groupe ADP.

"Ce ne sont pas des gadgets qui vont être testés ici. Ce sont des technologies qui vont changer l’industrie aéronautique", ajoute le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari.

Il s'agira de vérifier l'intégration de ces véhicules dans l'environnement, notamment auprès des populations mais aussi de mesurer l'impact sonore (grâce au laboratoire dédié de la RATP) et les questions de sécurité.

La question de l'acceptabilité

La question de l'acceptabilité par les populations est un sujet central. Pour Catherine Guillouard, PDG de la RATP, "il est très important que ces nouveaux véhicules et leur opération soient acceptables par la population."

Lors des tests, cette question sera confiée à Bruitparif, l’Ecole Polytechnique, Envirosuite, le Centre français de recherche aérospatiale, l’Université de Californie (Berkeley) et le Royal Netherlands Aerospace Centre (Pays-Bas).    

Reste la question du trafic potentiel. La RATP table sur "quelques milliers de personnes par jour" à l'horizon 2030, de quoi irriter les associations d'usagers des transports en commun qui réclament plus d'investissements pour le RER qui transporte lui des millions de personnes et qui estiment que ces taxis volants ne seront utilisés que par des privilégiés. "L'idée ce n'est pas d'opposer les modes mais de les compléter" estime la dirigeante de la régie.

Sur BFM Business, Joerg Mueller d'Airbus estime néanmoins qu'"il faut que ce soit accessible pour un grand nombre de voyageurs. Ca ne restera pas un marché de niche".

Pour 2024, les participants au projet espèrent pourvoir exploiter deux lignes à titre de démonstration: entre l'héliport d’Issy-les-Moulineaux et Saint-Cyr (Yvelines), et entre Roissy, Le Bourget et Paris.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business