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Transports

2009, année noire sur nos routes ?

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En septembre, le nombre de tués sur les routes françaises a augmenté de 17,7%. Après 7 ans de baisse et malgré la multiplication des radars, la tendance pourrait s’inverser sur l'année 2009.

« Après un été mitigé, une rentrée inquiétante ». Le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo ne cache pas son inquiétude face aux mauvais chiffres de la sécurité routière. En septembre, 393 personnes ont trouvé la mort sur les routes françaises. Soit une hausse de 17,7% par rapport au même mois en 2008. Des chiffres qui font craindre une année noire. « Si cette tendance se poursuit, il y aura plus de victimes sur les routes en 2009 qu'en 2008, après 7 années consécutives de baisse », ajoute le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, qui appelle à « réagir ».

« Des manquements aux règles du code de la route »

Une augmentation au mois de septembre 2009, « essentiellement liée à des manquements aux règles du code de la route : vitesse excessive, abus d'alcool et incivilités au volant », précise Jean-Louis Borloo. Pour expliquer cette hausse, le ministère constate en effet, études à l'appui, un certain relâchement dans le comportement des automobilistes depuis le début de l'année. Sont aussi pointées du doigt, certaines propositions inverses à la politique de sécurité routière, comme celle par exemple de ne plus sanctionner par une perte de points les petits excès de vitesse. Ajoutez à cela, des campagnes de prévention plus discrètes...

« Gouvernants et automobilistes, moins attentifs »

La faute à la crise ? C'est ce que souligne Charles Mercier Guyon, secrétaire du conseil médical de la Prévention routière : « avec la crise économique, les gens se déplacent plus et sont moins attentifs aux paramètres de prévention. Quand on a des soucis, qu'il faut aller vite voir un patron, vite passer un entretien d'embauche, vite livrer un client, les préoccupations de sécurité routière face à la crainte de la perte d'emploi, peuvent s'estomper un peu. Les gouvernants, comme les automobilistes, n'ont pas porté autant d'attention qu'en temps normal. »

Toujours plus de radars... en vain ?

« Sans être d'une sévérité extrême, on va remonter la garde », assure Dominique Bussereau. Le secrétaire d'Etat aux Transports va proposer à Nicolas Sarkozy un comité interministériel de sécurité routière avant la fin de l'année. Première mesure : 530 radars supplémentaires sont prévus dans le budget 2010.
Mais les radars n'auraient-ils pas atteint leurs limites ? Certes, ils sont de plus en plus nombreux au bord des routes, et même placés bientôt plus "stratégiquement" [dans des cabines aux feux rouges et aux passages à niveau]. Certes, ils ont fait beaucoup dans la lutte contre l'insécurité routière : en 6 ans, les vitesses moyennes ont baissé de 10%, ce qui expliquerait « 80 % de la baisse de la mortalité », selon l'Observatoire national de la sécurité routière. Mais les automobilistes semblent s'y être habitués. Avec ou sans GPS, ils les repèrent et lèvent le pied au bon moment.

« Des programmes alternatifs pour les délits les plus graves »

Tout en appelant les autorités à « avoir un message constant pour rappeler sans arrêt aux gens, que [la sécurité routière] reste un enjeu important », Charles Mercier Guyon ne prône pas plus de répression. Mais « une répression plus intelligente. Je pense qu'on a atteint le fond dans la répression pure et dure, explique-t-il. La sanction ne doit pas être une fin en soi. Qu'on mette en place des tickets-amendes ou des pertes de points automatiques pour un certain nombre de choses, c'est très bien. Mais il faut que, par exemple pour les délits les plus graves - l'alcool au volant ou le très grand excès de vitesse -, qu'il y ait des stages obligatoires, des programmes alternatifs... Comme les éthylotests anti démarrage, qui vont commencer, parce que c'est le meilleur outil de prévention de la récidive par rapport à tous les autres systèmes. »

La rédaction