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Transports

100 milliards d'euros pour le rail: l'aérien refuse de mettre la main à la poche

Qui financera le très ambitieux plan de modernisation du réseau ferré français annoncé par le gouvernement?

Ça sera sans nous... C'est en substance le message passé par les compagnies aériennes françaises au sujet du financement du très ambitieux programme à 100 milliards d'euros pour le rail d'ici 2040 annoncé par Elisabeth Borne le 24 février dernier.

Pour le Scara, le Syndicat des compagnies aériennes Autonomes (qui regroupe la moitié des compagnies aériennes françaises), "taxer toujours plus le transport aérien épuise ses capacités de financement de solutions pour atteindre ses objectifs en matière environnementale: carburants durables (bio et synthétique), compensation CO2, progrès technologiques, etc".

Il faut rappeler que ce plan ne sera pas financé en totalité par l'Etat qui devrait mettre 20 milliards d'euros (voire un peu plus) dans le pot à travers la Loi de programmation des finances publiques. L'Europe, les régions mais aussi les sociétés d'autoroute et l'aérien seront également mis à contribution.

"Stigmatisation incessante"

"Il est normal que des sociétés qui ont des marges confortables et sont en bonne santé - je pense aux sociétés d'autoroute - contribuent au financement. Notre réseau est bien construit. On peut peut-être financer, par des péages ou par des contributions fiscales, le train ou des modes de transport moins polluants. C'est un débat qu'on va avoir d'ici l'été" a déclaré Clément Beaune, le ministre délégué aux Transports.

Le syndicat rappelle que le secteur finance déjà à hauteur de 200 millions d'euros par an les infrastructures routières, ferroviaires, fluviales et portuaires via l’éco-contribution mise en œuvre en 2020, une taxe sur les billets d’avion (dite "taxe Chirac").

L'aérien "refuse l’idée d’être une fois de plus taxé pour financer le plan de développement du transport ferroviaire. Une taxation supplémentaire serait une taxe anti écologique et un message négatif envoyé à toute l’industrie aéronautique française".   

Le Scara "déplore que le transport aérien fasse l’objet d’une stigmatisation incessante alors qu’il est l’un des moyens de transport les plus volontaires dans ses engagements de décarbonation".    

Le mode de financement de ce plan à 100 milliards sera détaillé "d'ici l'été", a précisé Clément Beaune.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business