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Thierry Blandinières (InVivo): "Il faut des champions européens"

Invité de BFM Business, le patron du groupe agroalimentaire a défendu le rachat de Soufflet, pour 2,2 milliards d’euros.

InVivo part à l’assaut des leaders internationaux de l’agroalimentaire. Après son rachat du groupe Soufflet, il atteindra les 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuels. "On a besoin de grands groupes pour porter la compétitivité, pour mener l’innovation", explique Thierry Blandinières sur BFM Business.

"Nous serons numéro deux au niveau européen", confirme-t-il : avec 13 000 employés et 90 sites industriels, seul l'allemand BayWa AG demeurera plus important après le rachat. Loin, tout de même, des leaders mondiaux, les "ABCD" (ADM, Bunge, Cargill et Louis-Dreyfus).

La fusion InVivo-Soufflet engendrera un groupe diversifié. Soufflet s'est particulièrement développé sur le malt, devenant avec ses Malteries Soufflet l'un des plus importants acteurs du segment. KKR, Bpifrance et le Crédit Agricole ont récemment musclé la filiale en entrant à son capital, pour 440 millions d'euros.

InVivo devrait en revanche se séparer la branche Soufflet Alimentaire (conditionnement de légumineuses et grains), déficitaire. Et a des doutes sur la boulangerie alimentaire, même si Thierry Blandinières estime que "le pain français est un sujet".

Cours du blé : une "transition un peu longue"

S'exprimant sur les cours actuellement très élevés du blé et des matières premières, le PDG entrevoit une éclaircie pour la fin 2022. "Les cours sont hauts, on pense que ça va durer en 2022 et qu'il y aura ensuite un ajustement".

Soit une transition "un peu longue" vers des chiffres moins élevés, qui pourra être soutenu par la consolidation : "il faut des grandes entreprises pour réguler les prix".

Il faudra en attendant que les consommateurs s'habituent à l'inflation. "Dans la distribution, il faut répercuter les tarifs, on ne peut pas vivre avec des pertes. Il faudra gérer la période mais fin 2022, il y aura une inflexion des prix, et l’inflation ne sera au final pas si importante que cela".

Le bio aux "limites de son rapport qualité-prix"

Le patron a aussi abordé la question des productions biologiques, dont les prix baissent, notamment pour les oeufs. Une séquence logique selon lui. "Le bio a atteint les limites de son rapport qualité-prix. Il faut ajuster la production au marché, car si on produit trop, on retrouve une mécanique de marché où les prix baissent".

Thierry Blandinières préconise une agriculture "durable, qui prenne en compte le prix de vente". En conciliant une production augmentée, qualité et économies de ressources et d'intrants grâce à la technologie. "Il faut viser la montée en gamme, le volume, la qualité. On peut être compétitif tout en protégeant l’agriculteur et en développant les filières durables".

Valentin Grille