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Stellantis: pour Emmanuel Macron, le salaire de Tavares est "choquant et excessif"

Emmanuel Macron estime "excessive" et "choquante" la rémunération du patron du groupe automobile Stellantis.

La rémunération du patron de Stellantis fait grincer des dents: Carlos Tavares pourrait toucher 66 millions d'euros au titre de l'année 2021. Mais désormais, cette polémique fait son entrée dans le débat d'entre-deux tours de l'élection présidentielle. Invité sur Franceinfo, Emmanuel Macron estime que cette rémunération est "choquante" et "excessive".

Qualifiant ce montant d'"astronomique", le président sortant s'est prononcé pour des "plafonds" de rémunération, au niveau de l'Union européenne.

"Il faut mener le combat au niveau européen pour qu'il n'y ait pas de rémunérations abusives", a ajouté le président de la République, candidat à sa réélection le 24 avril.

Interrogé jeudi sur BFMTV au sujet de cette rémunération, Gabriel Attal a répondu qu'il s'agissait d'une "entreprise privée" et que la décision revenait aux actionnaires. Tout en appelant à un meilleur partage de la valeur dans les entreprises qui versent des dividences.

Un vote dans le secret

D'abord rejeté par les actionnaires, cette rémunération a été votée par le conseil d'administration, dans le secret. D'après le rapport annuel du groupe, les primes de Carlos Tavares ont été proposées par le comité de rémunération qui comprend notamment le vice-président Robert Peugeot, patriarche de la famille qui contrôlait PSA. L'ancien patron d'Axa, Henri de Castries, en fait également partie. Sa responsabilité est d'autant plus importante qu'il est aussi administrateur référent de Stellantis.

Ensuite, le package de rémunération a été endossée par la majorité du conseil de Stellantis. Selon des informations obtenues par BFM Business, Bpifrance (structure de l'Etat, qui détenait au 31 décembre dernier 6,15% du capital du groupe Stellantis) ne l'a pas approuvée. Mais il n'a pas non plus contrecarré le vote des autres administrateurs, notamment les familles Agnelli et Peugeot. C'est pourtant son influent directeur général, Nicolas Dufourcq, qui y siège.

La BPI n'a pas l'habitude de renverser la table des conseils d'administration. La même situation s'était déjà présentée en 2019 pour le bonus de 14 millions d'euros de Thierry Pilenko, alors patron du pétrolier Technip. Egalement actionnaire minoritaire, la BPI s'y était opposée mais sans rien changer au bout du compte.

Pascal Samama