BFM Business
Entreprises

Sortie de crise sanitaire: les PME de l'évènementiel "dans le brouillard"

Les professionnels de l'événementiel sont en attente de réponses après 14 mois d'une activité totalement sinistrée.

Malgré le calendrier de sortie de la crise sanitaire annoncé par le gouvernement, des PME de l'événementiel, organisateurs de mariages ou traiteurs se disent toujours "dans le brouillard" quant à l'horizon de reprise d'une activité normale et les modalités de soutien de l'Etat jusque là.

"Comme les discothèques, nous n'avons toujours pas de visibilité jusqu'à la fin de l'année. 2021 sera encore une année blanche, ni les congrès ni l'événementiel ne vont reprendre", regrette auprès de l'AFP Aziz Bentaleb, gérant de Calixir, un traiteur spécialisé dans l'événementiel d'entreprise, basé à Wissous dans l'Essonne, qui emploie 27 salariés.

Lundi, à neuf jours de la réouverture des terrasses, des commerces et d'autres activités, Matignon a apporté des précisions sur les modalités de reprise de divers secteurs. Les professionnels de l'événementiel, en attente de réponses après 14 mois d'une activité totalement sinistrée, seront pour leur part reçus par le Premier ministre Jean Castex mercredi à 17H30.

Licenciements

"Nous aujourd'hui, on ne sait pas si on va travailler en septembre, en octobre: nous sommes dans le brouillard", déplore Aziz Bentaleb, dont la société ne réalise plus que 5% de son chiffre d'affaires -qui atteignait 4 millions d'euros annuels avant la pandémie.

Selon lui, les traiteurs les plus fragiles pourraient commencer à licencier, car même si leurs salariés sont encore au chômage partiel pris en charge par l'Etat, "ils n'auront pas la trésorerie nécessaire pour régler les congés payés accumulés depuis un an" (l'Etat a assumé le coût de 10 jours seulement) et le Fonds de solidarité ne couvre pas tous les coûts fixes. Si les aides "baissent d'ici septembre, ça va être très compliqué".

Les aides publiques aux entreprises des secteurs les plus affectés par la crise sanitaire seront en effet maintenues à l'identique en mai, mais vont diminuer entre juin et août, a détaillé Bercy lundi auprès de l'AFP.

Mariages quatre fois reportés

Le fonds de solidarité indemnise actuellement les entreprises du tourisme, de la culture, du sport, de l'événementiel et de secteurs connexes en leur versant par mois soit 10.000 euros, soit 20% de leur chiffre d'affaires d'avant-crise.

Le dispositif est maintenu, mais avec une indemnisation moindre et dégressive: elle représentera d'abord 40% de la perte de chiffre d'affaires, puis 30% en juillet et 20% en août, avec toujours un plafond d'indemnisation de 20% du chiffre d'affaires.

Interrogé à l'Assemblée nationale mardi, le secrétaire d'Etat aux PME Alain Griset a toutefois promis, de juin à septembre, "un accompagnement spécifique à l'événementiel".

En Bretagne, Claire Pennarun, directrice générale de l'entreprise familiale La Maison Pennarun, traiteur et organisateur de réceptions situé à Quimper et Rennes, espère "redémarrer une activité en juin, avec quelques mariages, les seules prestations qu'on a sauvées".

Les lieux de réception (salles de fêtes, etc.) pourront accueillir à nouveau des événements assis à compter du 19 mai, avec une place sur trois occupée et des convives "en quinconce entre chaque rangée", puis une place sur deux à compter du 9 juin, avant une occupation normale des lieux -y compris debout-, en respectant les gestes barrières, à partir du 30 juin.

Accompagnement spécifique

Mais il faudra attendre le 1er juillet pour la fin du couvre-feu: il est maintenu jusqu'à 21H00 à compter du 19 mai, 23H00 à partir du 9 juin.

"J'ai des clients qui maintiennent leur mariage parce qu'ils en sont à leur 4e report et qu'ils en ont marre. D'autres ne veulent pas entendre parler d'un mariage dans ces conditions", relate Mme Pennarun, dont la société (22 salariés) organise en temps normal "160 à 180 mariages par an sur toute la Bretagne".

Sa société, à la trésorerie exsangue, "ne vaut plus rien aujourd'hui, alors que c'est le fruit de 40 ans de travail", déplore-t-elle.

Mardi le syndicat UPSE (Union des professionnels solidaires de l'événementiel), a estimé qu'il n'y aurait "pas réellement de reprise du mariage avant juillet", compte tenu des contraintes.

OC avec AFP