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En Europe, des Boeing 737 Max contraints de faire demi-tour en plein vol

Après le crash en Ethiopie, l'Agence européenne de sécurité aérienne a suspendu tous les vols des avions 737 MAX 8 et 737 MAX 9 de Boeing.

Après le crash en Ethiopie, l'Agence européenne de sécurité aérienne a suspendu tous les vols des avions 737 MAX 8 et 737 MAX 9 de Boeing. - Joe Raedle - Getty Images North America/AFP

Après l'Allemagne et la France, c'est l'ensemble de l'Europe qui vient d'interdire les Boeing 737 Max 8 et 9 dans son espace aérien. Alors que de nombreux passagers craignent de prendre ce Boeing, le ciel européen voit se multiplier le nombre d'avions contraints de rebrousser chemin.

C'est à une sorte de ballet qu'ont pu assister ce mardi les internautes amateurs du site Flight Radar qui localise en temps réel les différents avions de la planète. Dans l'après-midi de nombreux pays ont tour à tour interdit le survol de leur espace aérien par les Boeing 737 Max. L'Allemagne a la première fermé son espace aérien au modèle incriminé de Boeing suivi de la France. L'interdiction a été étendue en fin d'après-midi au niveau européen. Plus aucun Boeing 737 Max (8 et 9) ne pourra survoler l'espace aérien de l'ensemble du continent à compter de ce mardi à 20 heures (heure française).

Dans l'après-midi, les derniers vols ont exceptionnellement été autorisés à poursuivre leur route en traversant les espaces aériens interdits. Mais certaines compagnies ont préféré faire rebrousser chemin à leurs avions. C'est le cas de Turkish Airlines notamment. Au moins trois avions ont du faire demi-tour dans l'après-midi pour retourner se poser à Istanbul.

Comme le B737 Max parti d'Istanbul pour Londres à 14h35.

737
737 © Flight Radar

Et celui qui devait atterrir à Birmingham à 15h30. 

737 Max
737 Max © flght Radar

Ou encore cet Istanbul-Nouakchott qui ne survolait plus l'espace aérien européen mais qui n'aurait certainement pas pu rentrer en Turquie du fait de l'interdiction.

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737 © Flight Radar

La compagnie à bas-coût Norwegian qui exploite 18 de ces Boeing a elle aussi fait faire demi-tour à certains de ses avions comme sur ce vol Stockholm-Tel Aviv de 12h50 alors que l'avion avait fait l'essentiel du chemin et survolait déjà la Moldavie.

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737 © Flight Radar

Sur les réseaux sociaux, les internautes appelaient les autorités européennes à prendre une telle décision.

Des messages témoignant d'un certaine panique.

Mais si l'Europe a pu prendre une telle décision, c'est que les compagnies aériennes du continent possèdent finalement peu de Boeing 737 Max. Pas plus d'une cinquantaine en comptant les 18 de Norwegian, les 13 de Turkish Airways ou les 9 de la compagnie tchèque Smartwings.

Aux Etats-Unis, c'est une autre histoire. Comme vous pouvez le voir sur la carte ci-dessous, plusieurs dizaines de Boeing 737 Max survolent actuellement le ciel américain.

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737 © Flight Radar

Les compagnies américaines se sont massivement équipées depuis deux ans du mono-couloir de Boeing et leur interdire le vol aurait des conséquences plus importantes qu'en Europe sur le trafic. 

Au grand dam des passagers américains. Les lignes téléphoniques des services clients de SouthWest Airlines et d'American Airlines sont saturées d'appels depuis l'accident de dimanche.

Au téléphone, de nombreux passagers font un rapprochement avec la tragédie d'un autre 737 MAX 8 exploité par Lion Air, fin octobre, et refusent d'attendre les conclusions des enquêtes.

Les pilotes peuvent refuser de le piloter

Mon avion est-il un 737 MAX? Ai-je réservé sur un 737 MAX? Quelles sont les destinations desservies par le 737 MAX? sont les questions qui reviennent en boucle, selon les deux entreprises. "Nous recevons des questions de clients demandant si leur vol sera opéré par un Boeing 737 MAX 8", explique Michelle Agnew chez SouthWest Airlines, dont les 34 appareils devaient normalement voler mardi. Si la réponse est positive, s'ensuit soit une demande de changement de vol, soit une demande d'annulation.

Outre les passagers, la nervosité a également gagné les pilotes et personnels navigants. Le syndicat des personnels navigants (APFA), représentant des salariés d'American Airlines, a ainsi demandé à ses membres de ne pas monter à bord d'un 737 MAX 8 s'ils ne se sentent pas en sécurité. L'agence fédérale de l'aviation américaine, la FAA, doit "conduire une enquête approfondie sur le 737 MAX", enjoint pour sa part l'AFA, un autre syndicat de personnels navigants, tandis que le syndicat des pilotes ALPA appelle à la "prudence".

Frédéric Bianchi avec AFP