BFM Business
Entreprises

Retards, erreurs, surcoûts… La Nasa s'inquiète pour Artémis, son programme lunaire

Un rapport de l'inspecteur général de la Nasa pointe du doigt les choix erronés du programme Artemis pour la fusée SLS, programme miné par un retard de 6 ans et un surcoût de 6 milliards de dollars.

Bientôt, l'humanité refera des bonds de géant sur la Lune. Grâce au programme Artemis, la Nasa compte en effet renvoyer des astronautes explorer notre satellite. Dans cette optique, la gigantesque fusée SLS (pour Space Launch System), construite notamment par Boeing, doit effectuer la première partie du voyage, fin 2024, en convoyant quatre astronautes dans la capsule Orion.

Les quatre heureux élus feront quelques tours de Lune avant de revenir sur Terre. Il s'agira là d'un dernier test avant le grand retour de l’Homme sur la Lune qui interviendra, lui, à partir de 2025.

Problème, cette gigantesque fusée coûte cher, trop cher même, selon un rapport de Paul Martin, l'inspecteur général de la Nasa, repéré par Presse Citron. En tout, 23,8 milliards de dollars ont été engagés pour la fusée SLS, soit déjà "une hausse des coûts de 6 milliards de dollars".

Les mauvais choix de la Nasa

Résultat, sur cette pente, le budget total du programme Artemis avoisinera les 94 milliards de dollars d'ici 2025. Une dérive financière imputable en partie aux moteurs. La Nasa a voulu faire des économies mais l'agence elle s'est ratée.

"Ces hausses de coûts sont causées par des problèmes interdépendants, dont l’assomption erronée selon laquelle utiliser des technologies héritées des programmes Space Shuttle et Constellation réduirait significativement les coûts et permettraient de réduire les délais en comparaison du développement de nouveaux systèmes pour le SLS", dénonce le rapport de l'inspecteur général de la Nasa.

De fait, la fusée SLS, testée avec succès en 2022, utilise d'anciens moteurs de navette spatiale qu'il faut adapter à la fusée. Sauf que l'opération coûte beaucoup plus cher que prévu. Il ne reste que 16 de ces moteurs et, à date, seulement 5 ont été adaptés. Par ailleurs, une fois ce stock épuisé, il va en falloir en construire de nouveaux.

Déjà 6 ans de retard

Or, le rapport souligne que les industriels impliqués (Northtropp Grumann et Aerojet Rocketdyne) se heurtent à des difficultés techniques sur plusieurs composants essentiels: turbos, pompes haute pression et basse pression, injecteurs, valves, chambre de combustion, boosters…

Une situation explosive qui peut potentiellement menacer la mission Artemis si ces problèmes ne sont pas résolus rapidement. Aujourd'hui, 6 milliards de dollars de dépassement ce n'est pas rien, surtout en ce moment où le sujet de la dette est plus que sensible aux États-Unis.

Au-delà de l'argent, ces problèmes engendrent en parallèler des retards conséquents. Sauf que le programme accuse déjà 6 ans de retard. Si le calendrier initial avait été respecté, les astronautes auraient dû orbiter autour de la Lune depuis 2020.

Par Jean-Baptiste Huet, avec C.L.