BFM Business
Entreprises

Renault-Nissan, l’Alliance détricotée

C’est sans doute la fin du feuilleton à rebondissement entre Renault et Nissan. Le constructeur français a annoncé mardi soir "un nouveau chapitre de l’alliance" qui semble sonner son glas.

D’ici la fin de l’année, l’organisation de l’Alliance passera d’un "modèle standardisé à l’échelle mondiale", explique Renault dans un communiqué ce mardi, à une "coopération axée sur les projets". Autrement dit, Renault et Nissan vont maintenant travailler au cas par cas, sans entité, ni structure commune.

Fait hautement symbolique, la société d’achats en commun de l’Alliance (Alliance purchasing organisation) va disparaître. C’était la première structure créée par Carlos Ghosn quand il a façonné l’Alliance en 2001, qui employait 1400 personnes. Mais aujourd’hui, cette centrale d’achats commune n’avait plus de sens, "les prises de décisions étaient devenues beaucoup trop lourdes", explique-t-on dans l’entourage de Renault.

Les conséquences de l'accord signé en février

Un autre connaisseur du dossier abonde: "quand tu achètes en commun mais que tu ne le fais pas pour la même plateforme, que tu customises ensuite ta voiture, ça n’a pas beaucoup d’intérêt".

Cette nouvelle manière de faire entre Renault et Nissan est l’application concrète du rééquilibrage des participations croisées entre les deux entreprises, entérinées en février dernier. Chacune détient désormais 15% du capital de l’autre et "les lois anti-concurrence nous obligent" détaille Renault, "à séparer toutes les structures, les achats, la technologie, etc...".

"Avec Nissan, on n'habite plus ensemble"

Dans l’entourage du constructeur français, on l’assume maintenant: "on détricote l’Alliance". Une source proche de l’entreprise résume: "avec Nissan, on n'habite plus ensemble, mais ça ne nous empêche pas de partir parfois en vacances". Ces "vacances", ce sont ces quelques projets encore en commun entre les deux entreprises, qui envisagent de collaborer en Amérique Latine ou en Inde par exemple.

L’Alliance conservera aussi son conseil opérationnel, l’AOB, qui voit se réunir tous les mois les dirigeants de Nissan, de Renault et de Mitsubishi. L’occasion de se prononcer sur d’éventuelles collaborations et de garder un semblant d’avenir en commun.

Justine Vassogne