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Rallye (Casino): une procédure amiable pour renégocier son endettement

Pendant une durée de trois mois renouvelables, les mandataires choisis par le tribunal de Commerce de Paris tenteront d'engager les renégociations auprès des créanciers de Rallye et de sa cascade de holdings.

La maison mère de Casino, Rallye, a annoncé mardi avoir obtenu du tribunal de Commerce de Paris l'ouverture d'une procédure amiable pour tenter de renégocier avec ses créanciers son colossal endettement, qui atteint près de 3 milliards d'euros. Rallye et ses holdings (Foncière Euris, Finatis et Euris) sont concernées par "un mandat ad hoc" --c'est-à-dire une procédure amiable-- qui a été décidé "pour une durée initiale de trois mois (renouvelable)". Pendant cette période, les mandataires choisis par la justice tenteront d'engager les renégociations auprès des créanciers de Rallye et de sa cascade de holdings, par laquelle le PDG de Casino Jean-Charles Naouri détient le contrôle du distributeur.

Rallye avait bénéficié en mai 2019 d'un placement en procédure de sauvegarde face à un endettement qui s'élevait en 2022 à 2,8 milliards d'euros. Avec, à la clé, un remboursement des créanciers prévu via des remontées de dividendes émanant de Casino et via des cessions d'actifs. Rallye craint qu'une procédure de conciliation de Casino puisse faire tomber dans l'escarcelle de "certains (de ses) créanciers", "dont Fimalac" --déjà troisième actionnaire de Casino et propriété du milliardaire français Marc Ladreit de Lacharrière-- des titres du distributeur qui servaient de garantie sur une partie de la dette de la maison mère.

Daniel Kretinsky propose d'injecter 750 millions d'euros dans le capital de Casino

En début de semaine, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky s'est présenté au chevet de Casino, qui emploie 200.000 personnes dans le monde. L'investisseur a proposé lundi d'injecter 750 millions d'euros par une augmentation de capital de Casino, que Fimalac mette sur la table 150 millions d'euros et que 200 millions d'euros soient laissés à la discrétion des autres actionnaires. Cela entraînerait la perte de contrôle de Casino par Jean-Charles Naouri mais permettrait de "renforcer significativement les fonds propres de Casino pour faire face" aux échéances de remboursement de dettes, expliquait lundi une source proche du dossier.

Casino a répondu qu'il allait "analyser la proposition (...) au cours des prochaines semaines". Actionnaire de Casino depuis fin 2019, Daniel Kretinsky détient aujourd'hui 10% du capital de l'entreprise, ce qui en fait le deuxième actionnaire derrière les sociétés de Jean-Charles Naouri, PDG du groupe de distribution depuis 2005.

Négociations avec Teract pour former un "leader français de la distribution responsable et durable"

Casino est en outre en négociations avec le groupe Teract en vue de former un "leader français de la distribution responsable et durable", proche du concept de l'enseigne Grand Frais. Ce groupe récent et moins connu d'enseignes de jardinerie (Jardiland, Gamm Vert, Delbard) a pour actionnaire majoritaire InVivo, union de 188 coopératives agricoles françaises et mastodonte de l'agro-industrie en Europe. Ils espèrent conclure un accord d'ici la fin du second trimestre 2023 et Casino a annoncé lundi que le groupement Intermarché, troisième acteur de la distribution en France et partenaire de Casino aux achats, se joignait à ces "discussions exclusives".

Les spécialistes sont sceptiques quant à la capacité des sociétés de Jean-Charles Naouri à assumer ces importantes échéances de remboursement de dettes. Ces incertitudes pèsent sur le cours de Bourse de Casino, qui a perdu près de 70% de sa valeur depuis le début de l'année 2022. Casino a vu sa capitalisation boursière tomber à environ 600 millions d'euros fin mars et vaut actuellement autour de 670 millions d'euros. La cotation de Rallye a été suspendue lundi et doit reprendre mercredi.

TT avec AFP