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Rachat de Twitter par Elon Musk: vers une vague de départs des salariés?

L'homme le plus riche du monde vient de racheter Twitter. Les salariés de ce réseau social, souvent considéré comme toxique, craignent que les positions libertariennes d'Elon Musk n'aggravent les choses.

"Quelqu'un peut me dire si je suis riche ou viré s'il vous plaît", a tweeté lundi Ned Miles, qui se présente comme un salarié de Twitter. Dans les bureaux du réseau social, l'annonce du rachat par le milliardaire Elon Musk pour 44 milliards de dollars inquiète. L'entreprise Twitter Inc. possède environ 7000 salariés, un petit effectif comparé à d'autres entreprises de la tech comme Meta (ex-Facebook), dont l'équipe est dix fois plus importante.

Les employés de Twitter, dont la plupart sont restés en télétravail depuis la crise sanitaire, craignent une vague de licenciements. Sur Twitter, ils ont publié plusieurs messages pour faire part de leur inquiétude. Certains préfèrent prendre les devants et cherchent à quitter l'entreprise, affirme le Washington Post. Une épine dans le pied que saura retirer Elon Musk, déjà patron de Tesla et de SpaceX, où il a attiré les meilleurs talents.

Mais si la vague de départs est trop importante, Twitter pourrait ne pas s'en relever. "Il y a eu MySpace et AOL. Ces entreprises peuvent mourir si les salariés s'enfuient par la grande porte. Chez Twitter, il n'y a rien d'autre que des gens", alerte Jeffrey Sonnenfeld, professeur de gestion à la Yale School of Management, interrogé par le Washington Post.

Elon Musk, libertarien engagé contre le "wokisme"

Outre la crainte d'être licenciés, certains salariés s'inquiètent de la manière dont Elon Musk va diffuser ses idées. Le milliardaire, absolutiste de la liberté d’expression autoproclamé, souhaite que le réseau social redevienne un espace où tout le monde peut s'exprimer librement. Il prévoit pour cela de changer les règles de modération. Une position qui ravit les conservateurs américains, qui se considèrent muselés par la politique actuelle.

Mais les salariés de Twitter, un réseau social souvent considéré comme toxique, craignent que les positions libertariennes d'Elon Musk n'aggravent les choses. Helen Sage, une employée de la plateforme, a rendu hommage dans un tweet aux services de modération sur le réseau, rappelant que c'est un travail invisible qui participe à faire du réseau un "safe place".

Pendant la crise sanitaire, le milliardaire et homme le plus riche du monde a eu des prises de position discutables, minimisant un temps la pandémie, avant d'affirmer que les enfants étaient "essentiellement immunisés". Le patron de Tesla a aussi rechigné à fermer son usine en Californie pour protéger ses salariés, avant d'y être obligé par la police.

Elon Musk conspue souvent le "wokisme", laissant craindre à certains militants le retour de l'homophobie, du racisme et de la xénophobie sur Twitter, sous couvert de protéger la liberté d'expression.

Dans les faits, Elon Musk n'aura pas les mains totalement libres sur les règles de modération puisqu'il devra se conformer aux lois de chaque pays où il opère.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech