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Plan social chez SFR: les syndicats dénoncent "un scandale social, économique et financier"

SFR prévoit jusqu'à 1.700 départs volontaires en 2021, soit 11% des effectifs

SFR prévoit jusqu'à 1.700 départs volontaires en 2021, soit 11% des effectifs - Philippe HUGUEN

Le plan social présenté par la direction prévoit 1700 suppressions de postes en 2021.

Les trois syndicats représentatifs de SFR*, Unsa, CFDT et CFTC, dénoncent ce mercredi un "scandale social, économique et financier", à l'issue d'une première réunion de négociation avec la direction qui a annoncé 1700 suppressions de postes en 2021.

Ce troisième plan social depuis 2012, prévoit 400 départs dans les boutiques et 1.300 dans les autres fonctions de l'entreprise sur la base du volontariat. Ils seront combinés à un "grand plan de recrutement de 1000 jeunes diplômés sur quatre ans", ainsi qu'à un renforcement de la politique d'apprentissage et de formation de l'entreprise, selon SFR.

Il répond, selon la direction, à la baisse de fréquentation dans les boutiques - elle a chuté de 30% en raison notamment de la crise sanitaire - et à la "progression continue" des achats en ligne. Il s'agit de "supprimer 1700 postes sur le périmètre Télécom sur la base d'une construction artificielle et inacceptable de 'nouvelles' orientations stratégiques", dénoncent les syndicats dans un "manifeste" commun.

Négociation "inacceptable"

S'ils se disent "prêts" à "discuter d'une nouvelle définition de la stratégie, de la mise en place de véritables mobilités professionnelles, ils refuseront d'être l'instrument d'un scandale social, économique et financier". Les syndicats demandent un "accord de méthode" et jugent "inacceptable" une négociation qui "vise à la réduction de près de 20% des effectifs du pôle Télécom alors que les excellents résultats de la période (...) auraient dû conduire SFR à organiser une discussion autour d'un partage des résultats".

"La direction refuse toute discussion et veut s'assurer d'un plan de départs volontaires sur trois mois pour 1700 salariés du pôle Télécom en disant qu'elle recrutera 1000 jeunes sur quatre ans (d'ici 2025), une mesure d'affichage", a dit Abdelkader Choukrane, délégué syndical central Unsa (premier syndicat dans l'entreprise). Faire cette annonce "alors que 97% des salariés Télécom sont en télétravail depuis novembre et que 52% de ceux employés dans la distribution sont au chômage partiel, est source de grande inquiétude dans un climat social déjà délétère", a-t-il déploré.

Dans un mail adressé aux salariés, Grégroy Rabuel, directeur général de SFR a lui défendu la nécessité du plan "pour assurer la compétitivité de l’entreprise et du groupe tout en accompagnant, dans les meilleures conditions possibles, les collaborateurs quel que soit leur projet". La direction générale indique aux salariés que "les organisations syndicales ont posé en préalable à toute négociation des exigences incompatibles avec la situation de l’entreprise et la nécessité de sa transformation". Elle indique que "si les organisations syndicales maintiennent que ce postulat est un préalable à toute négociation, nous serons contraints de prendre acte de leur position et de constater l’échec de la négociation". SFR communiquera alors aux salariés "rapidement le projet d’évolution d’organisations ainsi que les mesures d’accompagnements sociales".

SFR, qui compte environ 15.000 salariés, avait augmenté son chiffre d'affaires de 2,4% à 10,6 milliards d'euros l'an dernier. Au troisième trimestre 2020 l'entreprise a vu ses revenus progresser de 4%, à 2,75 milliards d'euros, sur le marché français. La société revendique sur la même période 21.000 clients supplémentaires sur le fixe (+113.000 sur la fibre) et 25.000 abonnés supplémentaires sur le mobile. Les syndicats rappellent que lors du dernier plan social en 2017, "5000 emplois ont déjà été supprimés avec des promesses d'embauches jamais tenues".

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P.L. avec AFP