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Mêler "bien voir" et "bien être": comment EssilorLuxottica a réussi son mariage

Il y a presque 5 ans, deux leaders européens du marché de la lunette se sont unis pour créer EssilorLuxottica. Depuis, le groupe est devenu un champion mondial.

Un mariage qui fonctionne. Quasiment cinq ans après la fusion entre le leader français des verres de lunettes Essilor et le leader italien du design de montures Luxottica, la nouvelle entité a fait ses preuves. EssilorLuxottica, géant européen des lunettes, affiche désormais la 9ème plus grosse capitalisation du CAC 40, à hauteur de 78 milliards d’euros.

Un résultat loin d'être acquis tant la fusion a connu des hauts et des bas avant l'officialisation en octobre 2018. Invité de Good Morning Business sur BFM Business ce vendredi, le directeur général délégué d’EssilorLuxottica l'assure, les dissenssions appartiennent bel et bien au passé.

"C'est une société qui a une seule mission, une seule raison d'être et qui est très claire dans ce qu'elle cherche à faire", se réjouit Paul du Saillant.

Une mission qu'il résume ainsi: subvenir aux besoins de "bien voir" et de "bien être". "EssilorLuxottica est une société tirée par le besoin de la bonne vision avec toute une dimension fashion", précise Paul du Saillant.

Les verres, la monture… et la tech

EssilorLuxottica travaille avec désormais avec près de 150 marques, dont certaines "emblématiques" dans le design de montures. La multinationale vient notamment de conclure un accord de licence pour 10 ans avec le créateur de luxe Jimmy Choo. Mais le groupe a aussi le goût du "savoir-faire de la bonne vision", souligne le directeur général délégué d’EssilorLuxottica, citant le travail autour du verre avec des marques comme Varilux, Crizal ou encore Transitions.

"C’est un métier très innovant. On est tout le temps en train de trouver de nouveaux besoins à adresser. Aujourd'hui, par exemple, il y a un grand sujet qui est comment adresser la myopie des enfants", souligne Paul du Saillant.

Désormais, EssilorLuxottica ajoute une troisième corde à son arc, pour suivre les évolutions de l'époque. "Aujourd'hui, la lunette est en train d'embarquer de l'électronique. À travers le partenariat de Ray-Ban avec le géant américain Meta, EssilorLuxottica a déjà commercialisé en 2021 les lunettes intelligentes "Stories".

Développer les lunettes du futur

"C'est le début du voyage de l'électronique embarquée dans les lunettes. Nous comptons créer de nouvelles fonctionnalités régulièrement", explique le directeur général délégué d’EssilorLuxottica, qui assure désormais travailler sur la miniaturisation des fonctionnalités et besoins liés au digital et au metaverse.

"Le sujet, c'est comment on arrive à mettre ces fonctions électroniques dans des lunettes sans en changer le poids. C'est le consommateur qui le demande", précise-t-il.

Un challenge que tentent de relever les 190.000 salariés d'EssilorLuxottica qui travaillent dans des centaines d’usines et laboratoires dans le monde. Un savoir-faire qui attire les géants de la tech qui se lancent dans les lunettes et le casques de vision connectés, à commencer par Apple, qui vient d’annoncer son "Apple Vision Pro". En tant qu'acteur-clé de la lunette, "évidemment que ces acteurs viennent à notre contact", assure Paul du Saillant.

Mais EssilorLuxottica n'en oublie pas sa mission première, les lunettes de vue pour le plus grand nombre. "L’enjeu à avoir en tête c’est que ce marché est sous-adressé dans le monde. [Il] fait 110 à 120 milliards [de chiffre d’affaires]. Il devrait faire 200 à 300 milliards", estime le directeur général délégué. En effet, de nos jours, trois milliards d’humains ne sont pas équipés de lunettes alors qu’ils souffrent de problèmes d’acuité visuelle.

Par Benjamin Treilhes avec Clément Lesaffre