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Les chemises rouges organisent un bain de sang symbolique

Les opposants au gouvernement thaïlandais ont trouvé un moyen spectaculaire d'exprimer leur mécontentement en vidant devant les bureaux du Premier ministre, à Bangkok, des bouteilles remplies de leur propre sang. /Photo prise le 16 mars 2010/REUTERS/Chaiw

Les opposants au gouvernement thaïlandais ont trouvé un moyen spectaculaire d'exprimer leur mécontentement en vidant devant les bureaux du Premier ministre, à Bangkok, des bouteilles remplies de leur propre sang. /Photo prise le 16 mars 2010/REUTERS/Chaiw - -

par Ambika Ahuja BANGKOK - Les opposants au gouvernement thaïlandais ont trouvé mardi un moyen spectaculaire d'exprimer leur mécontentement en...

par Ambika Ahuja

BANGKOK (Reuters) - Les opposants au gouvernement thaïlandais ont trouvé mardi un moyen spectaculaire d'exprimer leur mécontentement en vidant devant les bureaux du Premier ministre des bouteilles remplies de leur propre sang.

Par cette action, les "chemises rouges", partisans de l'ancien chef du gouvernement Thaksin Shinawatra, souhaitaient symboliser leur "sacrifice pour la démocratie" alors que leur demande d'élections parlementaires anticipées a été rejetée.

Après quatre jours de rassemblements pacifiques à Bangkok, les manifestants se sont massés devant le palais du gouvernement et ont déversé 300 litres de sang sur les grilles protégeant le bâtiment.

"Lorsque cette image parviendra à Abhisit, n'aura-t-il pas un peu honte de lui-même ?", s'est interrogé Rung Suramanee, ancien fonctionnaire de 76 ans. "Je suis prêt à sacrifier n'importe quoi pour que le pouvoir de la majorité soit restauré. Que sont 10 centimètres cubes de sang ?"

Depuis quatre jours, le Premier ministre thaïlandais, Abhisit Vejjajiva, reste inflexible face à la contestation, provoquant une frustration grandissante dans les rangs du mouvement.

"Nous avons versé notre sang. Qu'allons-nous faire ensuite ? Je ne sais pas bien où tout cela va. J'ai confiance dans les 'chemises rouges' mais je ne suis pas certain que nous obtenions quelque chose sans bousculer un peu les choses", a commenté Chanchai Thiangsomboon, agriculteur de la province de Kalasin, dans le nord-est du pays.

THAKSIN APPELLE À POURSUIVRE LA LUTTE

Les "chemises rouges", des militants essentiellement venus des zones rurales, estiment avoir été privés de leur droit de vote par les élites urbaines, les royalistes et l'armée qui ont formé une alliance de raison pour évincer du pouvoir les alliés de Thaksin.

Ils réclament la dissolution du parlement et l'organisation d'élections anticipées et ont menacé de manifester une semaine durant, mais leur ultimatum n'a pas fait plier Abhisit.

Certains se disaient frustrés mardi de cette absence de résultat malgré un rassemblement de 150.000 personnes dimanche soir à Bangkok.

"Je veux intensifier cela et faire quelque chose d'audacieux", a dit Manat Tengmanee, venu du Nord.

"Je pense que si on ne verse pas vraiment du sang, il n'y aura pas de changement. Il n'y a jamais eu de changement pour le peuple en Thaïlande sans effusion de sang", a-t-il ajouté, assurant toutefois respecter l'appel des leaders du mouvement à la non-violence.

Lundi, les partisans de Thaksin avaient manifesté jusqu'à la base militaire où Abhisit Vejjajiva a installé son quartier général de crise, avant de se regrouper près d'un pont où ils ont établi leur campement, mardi.

Deux fois élu à la tête du gouvernement, Thaksin a été renversé en 2006 par un coup d'Etat, puis condamné à deux ans de prison pour corruption. Il vit depuis lors en exil, principalement à Dubaï.

Dans un discours de 40 minutes par téléphone, il a exhorté lundi soir les manifestants à poursuivre la lutte.

"La patience du peuple est la clé du succès. Ne perdez pas courage maintenant. Soyez patients", a-t-il dit, avant d'appeler les partenaires de coalition d'Abhisit à se retirer du gouvernement pour "le salut de la démocratie".

Ambika Ahuja, Grégory Blachier et Pierre Sérisier pour le service français