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Led Zeppelin, Nirvana, Téléphone... Les prix des disques vinyles vont flamber

Vinyles (Photo d'illustration).

Vinyles (Photo d'illustration). - Photographer - Flickr - CC

Les disquaires indépendants alertent sur la flambée des prix des vinyles alors que trois majors ont décidé d'augmenter brutalement leurs tarifs en raison d'une pénurie de matières premières.

Les amateurs de vinyles vont devoir consentir un effort financier supplémentaire pour garnir leur collection. Led Zeppelin, Johnny Hallyday, Coldplay, Nirvana, Iron Maiden… Des milliers de références dont beaucoup de best-sellers indémodables vont voir leur prix bondir dans les prochaines semaines, quand ce n’est pas déjà le cas pour certaines d’entre elles.

Dans un communiqué relayé par Ouest-France, le Gredin, syndicat professionnel des disquaires indépendants, tire la sonnette d’alarme alors que les trois principaux majors que sont Universal, Warner et Sony viennent de revoir leurs grilles tarifaires à la hausse.

Pénurie de matières premières

Ces grands labels mondiaux justifient l’augmentation des prix de leurs catalogues par la pénurie de matières premières qui touchent de nombreux secteurs en raison de la crise sanitaire. La mécanique est toujours la même: la mise à l’arrêt des usines suivie du rebond soudain de la consommation crée un déséquilibre entre l’offre et la demande. Si bien que le polymère utilisé, entre autres, pour la fabrication du disque vinyle se fait rare.

Résultat, son prix flambe et les majors répercutent cette hausse des coûts sur leurs tarifs. Au bout de la chaîne, les disquaires qui veulent conserver leur marge sont contraints de s’aligner, au détriment du consommateur qui devra payer son produit plus cher. Mais l’augmentation des prix de certaines références est tellement considérable que les disquaires pourraient tout simplement renoncer à les vendre.

"Ces disques vont disparaître des bacs", assure à BFM Business Christophe Ouali, membre du conseil d’administration du Gredin et gérant du magasin le Silence de la Rue, à Paris.

Chez Universal, la flambée des tarifs a déjà débuté: +32% en moyenne sur 330 références. Warner entend aller plus loin avec une augmentation moyenne à venir de 37,5% sur 1200 références. Enfin, Sony se montre un peu plus raisonnable: +17,5% sur 120 références. Mais il ne s’agit là que de moyenne: "Certains disques peuvent prendre jusqu’à 200%", précise Christophe Ouali. A titre d’exemple, le vinyle de Téléphone "Dure Limite" commercialisé par Warner devrait voir son prix TTC passer de 21,30 euros à 51 euros!

"Suicide commercial"

Jugeant ces hausses de prix totalement disproportionnées, les disquaires déplorent "l’opportunisme" et le "suicide commercial" des trois principaux majors alors que le marché du vinyle a retrouvé un nouveau souffle ces dernières années. "On est confronté à ces situations de hausse des prix depuis quelques années aussi bien des majors que des labels indépendants. Les matières premières font l’objet d’augmentations récurrentes. On ne discutera jamais la nécessité de répercuter des hausses qui soient raisonnables", explique Christophe Ouali. Cette fois en revanche, il considère qu’"il y a un effet d’aubaine". "La pénurie a bon dos. (…) C’est une vraie faute".

Selon lui, ces flambées tarifaires ne couvrent pas seulement l’augmentation des matières premières. Elles visent également à atteindre une "meilleure rentabilité" sur le vinyle alors qu’un major comme Universal réalise encore 45% de ses ventes en physique en France. "Ils veulent peut-être renormer le prix du disque, voir si le consommateur est prêt à payer 30 euros ce qu’il payait 20 euros auparavant", suppose le gérant du Silence de Rue.

Mais il ne se fait pas d’illusion sur le résultat d’une telle stratégie: "Je ne vois personne de censée acheter un disque pour 45 euros (…). Il va y avoir une mise en censure d’achat par le consommateur", affirme-t-il, estimant que les majors devront "très probablement" se résoudre à faire marche arrière "sous l’effet de la preuve par le chiffre". Il suffit de voir ce qu’il s’est passé pour l’album mythique "Nevermind" de Nirvana: son prix est passé à "30 euros, contre entre 12 et 20 euros avant", note Chritsophe Ouali. A l’arrivée, "les ventes ont diminué de 40% en quelques semaines".

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco