INFO BFM BUSINESS. Intel met sur pause son projet d'implanter en France son centre de R&D européen

Il y a deux ans, l'américain avait choisi Paris-Saclay pour installer son futur centre de recherche européen. Le groupe veut désormais donner la priorité au financement de ses méga-usines.

C'est un coup dur pour la France. Après avoir perdu la bataille face à l'Allemagne pour attirer sa future gigafactory de puces en Europe, la France risque désormais de perdre son lot de consolation: le futur centre de R&D d'Intel en Europe.

D'après nos informations, le géant américain des puces met "sur pause" son projet d'implantation à Paris-Saclay. Il devait y installer deux pôles d'excellence en recherche et développement: l'un dans l'informatique haute performance et l'intelligence artificielle, l'autre dans le design des puces des clients de son activité de fonderie. Ce centre de R&D, annoncé en mars 2022, devait ouvrir ses portes en 2024. Intel prévoyait d'embaucher 450 ingénieurs dès cette année, et un millier d'ici à 2030.

"Priorité aux usines et à la production"

Mais tous ces projets ne sont plus d'actualité, en tout cas pas dans l'immédiat. Le groupe souhaite donner désormais la priorité à ses investissements dans la production.

"Les capacités de production sont aujourd'hui la "top priority" du groupe" explique à BFM Business la direction d'Intel France.

L'entreprise doit en effet financer des investissements colossaux dans ses nouvelles usines: 100 milliards de dollars aux Etats-Unis, 25 milliards en Israël, et 30 milliards d'euros en Allemagne. Intel est par ailleurs beaucoup moins profitable qu'auparavant, après avoir pris beaucoup de retard dans l'IA, et laissé Nvidia et Arm capter la quasi-totalité des nouveaux profits du secteur.

L'américain doit donc faire des choix dans ses investissements, et donne la priorité à ses futures méga-usines pour tenter de rattraper la concurrence. Au détriment de la France, et de Paris-Saclay, où le centre de R&D dernier cri d'Intel ne verra peut-être jamais le jour. Le sujet ne sera même pas au menu des discussions entre Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, et le PDG d'Intel Pat Gelsinger qui se réunissent ce jeudi 21 mars à 15h par visioconférence.

Thomas Sasportas