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Vente d'armes: Paris menace Ryad de sanctions si sa responsabilité "est avérée"

La France prendra des sanctions "pas seulement sur les armes, si la responsabilité de l'Arabie saoudite est avérée" dans le meurtre de Jamal Khashoggi , en étant "corroborés par nos services de renseignement", selon Benjamin Griveaux. Entre 2007 et 2017, le pays a été le deuxième client de la France pour les ventes d'armes

Après s'être cantonné dans une réserve prudente, Paris a décidé de hausser le ton vis-à-vis de l'Arabie Saoudite. La France prendra des sanctions "si la responsabilité de l'Arabie saoudite est avérée" dans le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi et que les faits sont "corroborés par nos services de renseignement", a déclaré le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, alors que se tient un sommet économique à Ryad, boycotté par de nombreux dirigeants occidentaux dont le ministre Bruno Le Maire.

"Tant que cela ne sera pas parfaitement établi et tant que ces faits ne seront pas corroborés par nos services de renseignement, nous retiendrons nos décisions", a-t-il déclaré à l'issue du Conseil des ministres. En revanche, "dans l'hypothèse où la responsabilité de l'Arabie saoudite est avérée, alors nous en tirerons les conséquences et nous prendrons des sanctions (...) pas seulement sur les armes", a ajouté le porte-parole.

L'Élysée avait d'abord récusé toute décision hâtive

Auparavant, la présidence de la république avait souligné ne vouloir prendre "aucune décision hâtive" quant à ses relations avec l'Arabie saoudite, et avait appelé Ryad à mener "une enquête crédible et à établir tous les faits et toutes les responsabilités" sur ces "faits extrêmement graves".

Paris, Londres et Berlin avaient estimé dimanche 21 octobre qu'il y avait "un besoin urgent de clarification" sur les circonstances de sa mort "inacceptable". Le président américain, Donald Trump, dont le pays est un allié proche de l'Arabie saoudite, a jugé, hier mardi, que le meurtre avait donné lieu à "l'une des pires opérations de dissimulation de l'histoire".

En 2017, Ryad a commandé 600 millions d'euros d'armes à Paris

Le "partenariat" de la France "avec l'Arabie saoudite est de long terme dans les domaines pas seulement de l'armement mais aussi économique, culturel, stratégique", a fait valoir la présidence française, pour justifier sa prudence.

En matière de ventes d'armes, "sur dix ans, l'Arabie saoudite est notre deuxième client, entre 2007 et 2017", mais la France est aujourd'hui le "8e fournisseur de l'Arabie saoudite dans le domaine militaire, très loin derrière les États-Unis et le Royaume-Uni", souligne l'Élysée.

"En 2016 et 2017, l'Arabie saoudite a représenté 6,8% de nos prises de commandes" à l'exportation en matière d'armement. En 2017, ces prises de commandes ont représenté au total 6,9 milliards d'euros dont 600 millions de l'Arabie saoudite, a-t-on précisé de même source.

F.Bergé avec AFP