BFM Business
Industries

Un descendant de Gustave Eiffel veut qu'Eiffage change de nom

Philippe Couperie-Eiffel se bat contre l'utilisation du nom de son arrière-arrière-grand-père, Gustave Eiffel, par Eiffage.

Philippe Couperie-Eiffel se bat contre l'utilisation du nom de son arrière-arrière-grand-père, Gustave Eiffel, par Eiffage. - ADGE

Philippe Couperie-Eiffel, arrière-arrière-petit-fils de Gustave Eiffel, se bat depuis des années contre le géant du BTP qui, à ses yeux, usurpe le nom de son aïeul. Retour sur une lutte de 30 ans, qui doit encore connaître un épilogue judiciaire.

Le descendant du bâtisseur de la fameuse Tour ne désarme pas face à Eiffage. Philippe Couperie-Eiffel, arrière-arrière-petit-fils de Gustave Eiffel estime que le groupe de BTP usurpe le nom de son aïeul, et entend bien finir par le forcer à en changer. Un combat entamé il y a plusieurs décennies, qu'il n'est pas prêt d'abandonner.

Revenons à la source de la discorde: Eiffage s'est construit via une série de fusions-acquisitions, dont celle des Anciens Établissements Eiffel. Un nom utilisé frauduleusement par la société, explique Philippe Couperie-Eiffel. Cette société, avant d'être rachetée par Eiffage, avait bien été fondée par Gustave Eiffel, mais l'aïeul en était sorti en 1893, et avait obtenu qu'elle abandonne son patronyme en échange de ses actions. Pourtant en 1937, quatorze ans après la mort de l'ingénieur, sans consulter quiconque parmi ses descendants, l'entreprise s'était rebaptisée Anciens Établissements Eiffel.

Eiffage ouvre les hostilités

Cinquante ans plus tard, c'est Eiffage qui ouvre les hostilités contre les Eiffel. En 1989, Philippe Couperie-Eiffel, qui possède des vignobles dans le bordelais, nomme une de ses cuvées "Gustave Eiffel". Une des filiales d'Eiffage, nommée "Eiffel construction métallique" l'attaque alors en justice pour l'empêcher d'utiliser ce nom. L'entreprise perd le procès, et gagne un adversaire acharné.

À partir des années 90, le Bordelais multiplie les dépôts de marques Gustave Eiffel, "à ses seuls frais", précise-t-il. Des dépôts en France et à l'international pour des dizaines de catégories de produits et services variés: boissons alcooliques, matériaux de construction, contrats d'assurances, savons, meubles, ustensiles de cuisine, etc.

Nouveau rebondissement en 2005, quand Eiffage demande à déposer le nom Eiffel pour une série de produits (dont des toilettes publiques!), raconte Le Point. C'est à ce moment-là que le groupe se rend compte que la marque est déjà enregistrée, et qu'elle appartient au descendant d'Eiffel.

Deux défaites à une

Le géant du BTP assigne alors de nouveau le Bordelais en justice. Sans succès: en première instance en 2009, puis en appel en 2011, les tribunaux bordelais dénient à Eiffage sa légitimité à utiliser le nom Eiffel. Si bien qu'en 2012, huit mois après le verdict de la cour d'appel en sa défaveur, le groupe de construction jette l'éponge et renonce à toute utilisation du nom "Eiffel", dont une de ses filiales portait le patronyme depuis 73 ans.

La bataille ne s'arrête pas là pour autant. En 2015, au tour du descendant de Gustave Eiffel d'assigner le groupe et neuf de ses associés pour leur imposer d'abandonner, cette fois, le nom Eiffage. "Vous imaginez les héritiers du général si une société se baptisait 'Gaullage'?", demande-il dans le JDD. En premier lieu, le tribunal a reconnu qu'Eiffage était bien un dérivé d'Eiffel. Mais dans son jugement, il a considéré que cela ne constituait pas un préjudice pour la famille du fameux ingénieur. Philippe Couperie-Eiffel a fait appel.

Nina Godart