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Thales s'inspire de Waze, Tesla et Siri pour créer un logiciel permettant aux avions de moins polluer

Au fil du vol, PureFlight envoie au pilote des informations pour recalculer les trajectoires et les données de gestion du carburant, de guidage horizontal et vertical, de liaisons de données avec les stations au sol

Au fil du vol, PureFlight envoie au pilote des informations pour recalculer les trajectoires et les données de gestion du carburant, de guidage horizontal et vertical, de liaisons de données avec les stations au sol - Bertrand Guay / AFP

Thales vient de créer PureFlight, un logiciel capable de fournir aux pilotes des plans de vol modifiable en temps réel en fonction des conditions météo afin de réduire les émissions de CO2 de façon significative.

Consommer moins de carburant a toujours été un enjeu dans l'aviation civile. D'abord pour réduire le coût d'exploitation des avions, mais désormais surtout pour moins polluer. L'équipementier aéronautique Thales a décidé d'apporter sa pierre à cette priorité en mettant au point un logiciel révolutionnaire. Baptisé PureFlight, il permet aux pilotes d'optimiser leurs plans de vol, mais aussi de le modifier en temps réel en cas d'événements météorologiques imprévus. Un peu comme Waze, Siri et l'Autopilot de Tesla prennent en compte les conditions de circulation en temps réel.

"Sur le principe, c'est comparable, sauf qu'en voiture, on utilise l'appli pour gagner du temps, alors que notre logiciel est destiné à consommer entre 3 et 4% de kérosène en moins par vol", souligne Jean-Paul Ebanga, Vice-Président de Thales Flight Avionics.

En juin, lors du salon du Bourget, Thales avait déjà évoqué son projet. Ce lundi, lors d'une conférence de presse internationale organisée à Toulouse, le groupe a annoncé que les certifications étaient en cours. "PureFlight sera installé dans des avions entre 2024 et 2025", a annoncé Jean-Paul Ebanga. Une salle d'expérimentation et de formation a été installée dans les locaux toulousains de Thales pour permettre aux pilotes de découvrir ce petit bijou technologique.

Le pilote reste aux commandes, mais le logiciel gère le vol

Ce logiciel de gestion des itinéraires de vols est alimenté par des millions d'informations (météo, trafic aérien, poids de l'appareil, niveau de carburant...) qu'un algorithme analyse en temps réel pour fournir au pilote plusieurs options de parcours. A lui de choisir la plus adaptée en fonction des impératifs qu'il doit respecter. Une fois le parcours défini, les données sont envoyées au système de pilotage affiché sur des tablettes tactiles intégrées dans le cockpit. Le pilote laissera le logiciel guider l'appareil jusqu'à l'atterrissage. Dans les dernières minutes d'un vol, PureFlight peut même gérer la vitesse et l'actionnement des aérofreins afin d'économiser du carburant jusqu'à l'arrêt complet de l'appareil.

Des pilotes de ligne viennent expérimenter PureFlight dans un cockpit virtuel à Toulouse
Des pilotes de ligne viennent expérimenter PureFlight dans un cockpit virtuel à Toulouse © Pascal Samama (BFMTV)

Ce système d'aide au pilotage, qui pourrait aussi équiper des appareils militaires, amorce-t-il l'avènement des avions de ligne autonome? "Absolument pas, il ne faut pas confondre un avion de ligne avec des dizaines de passagers à bord et un drone", explique Nicolas de Lédinghen, directeur gestion et optimisation du vol chez Thales en nous dévoilant qu'une version de PureFlight a tout de même été développée pour les drones. "C'est le même outil a quelques différences près, il est programmé pour savoir où se crasher en cas de problème", révèle Nicolas de Lédinghen. 

Une version pour drones

En réduisant la consommation de carburant, ce logiciel de plan de vol va aussi faire gagner de l'argent aux compagnies aériennes. Selon Jean-Paul Ebanga, l'économie pourrait atteindre 500.000 dollars par an et par avion, soit entre 10 et 100 millions de dollars annuels, selon la taille de la flotte exploitée par la compagnie aérienne qui l'achètera. "PureFlight rendra les avions plus sûrs, plus écologiques, plus faciles à piloter, plus rentables pour les compagnies aériennes et plus confortables pour les passagers", assure Nicolas de Lédinghen.

La pression des défenseurs de l'environnement a-t-elle jouée dans la mise au point de ce logiciel? "Pas vraiment, nous sommes sur le projet PureFlight depuis de nombreuses années, mais à la différence des autres secteurs industriels, la mise au point de technologie et leur certification par les autorités prennent du temps. A la différence d'un smartphone, un avion ne peut souffrir du moindre bug", explique Jean-Paul Ebanga.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco