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Siemens fustige les "technocrates rétrogrades" qui s'opposent à la fusion avec Alstom

L'allemand Siemens et le français Alstom ont soumis de nouvelles concessions à la Commission européenne qui doit autoriser ou non leur mariage avant le 18 février 2019.

L'allemand Siemens et le français Alstom ont soumis de nouvelles concessions à la Commission européenne qui doit autoriser ou non leur mariage avant le 18 février 2019. - Thomas Samson-AFP

Le patron de Siemens a lancé ce mercredi une offensive aussi virulente que politique contre Bruxelles, qualifiant les décideurs européens de "technocrates rétrogrades". Il commentait la menace d'un veto de la Commission européenne sur le projet de fusion dans le ferroviaire avec Alstom.

Rarement un projet de mariage entre deux entreprises européennes n'a à ce point tourné à l'aigre en public. "Il va être intéressant de voir si l'avenir de la mobilité (ferroviaire) va être déterminé par des technocrates rétrogrades ou des Européens tournés vers l'avenir", a lancé Joe Kaeser, en conférence de presse, en marge des résultats annuels du groupe allemand qui projette de fusionner ses activités dans la construction ferroviaire avec le Français Alstom.

Dans le viseur du patron allemand, la Commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager, qui a exprimé à maintes reprises par le passé ses doutes sur cette fusion, annoncée en grande pompe en septembre 2017 et sur laquelle une décision doit être rendue avant le 18 février 2019.

Le patron de Siemens affiche des positions tranchées

Chargée de veiller à ce que l'union entre Alstom et les activités ferroviaires de Siemens en Europe n'écrase pas les plus petits groupes ou ne menace les prix, elle s'inquiète de la position dominante que le nouvel ensemble aurait dans la signalisation ferroviaire et les trains à grande vitesse.

Le patron du conglomérat allemand, habitué à prendre des positions tranchées dans un milieu d'affaires allemand traditionnellement rétif à se mêler de politique, agite, à quatre mois de élections européennes, les frustrations populaires face à "l'incapacité de l'Union à devenir une véritable puissance".

Un droit de la concurrence vieux de 30 ans en question?

"Le droit de la concurrence européen a pris effet il y 30 ans dans un contexte complètement différent", a rétorqué le dirigeant de Siemens, jugeant "naïf de croire que les États peuvent individuellement faire face à la concurrence chinoise".

Siemens laisse désormais entendre qu'en cas de veto de la Commission européenne, il n'exclut pas une introduction en Bourse de sa rentable branche Mobility (transport ferroviaire). "Nous ne sommes ni amers ni énervés, si cela marche tant mieux pour Siemens-Alstom, pour nos clients, et si cela ne marche pas, nous avons d'autres options", a assuré le dirigeant de Siemens.

Siemens Mobility, en bonne forme, a en effet signé pour 4,55 milliards d'euros de commandes au premier trimestre de son exercice décalé, en hausse de 40% sur un an, notamment pour équiper le métro de Londres. Alstom a enregistré de son côté 3,39 milliards d'euros de prises de commandes sur la même période.

Frédéric Bergé avec AFP