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Qui est Christel Heydemann, nouvelle DG d’Orange ?

Christel Heydemann, vice-présidente des opérations de Schneider Electric au ministère de l'Économie le 21 novembre 2017 pour les "Rendez-vous de Bercy"

Christel Heydemann, vice-présidente des opérations de Schneider Electric au ministère de l'Économie le 21 novembre 2017 pour les "Rendez-vous de Bercy" - ERIC PIERMONT / AFP

Orange annonce la nomination de Christel Heydemann, actuelle patronne Europe de Schneider Electric, au poste de directrice générale de l’opérateur télécom. Déjà présente au Conseil d’Administration, elle connaît bien le groupe.

La dirigeante de Schneider Electric à la tête d’Orange. Le groupe de télécoms annonce la nomination de Christel Heydemann à la direction générale. Elle remplace ainsi Stéphane Richard, dont le mandat va prendre fin à cause de sa condamnation dans l’affaire qui a opposé Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais.

Le profil de Christel Heydemann a le mérite d’être rassurant pour Orange. Elle bénéficie d’une expérience dans les télécoms pour avoir travaillé au sein du groupe Alcatel (puis Alcatel Lucent) de 1999 à 2013. Comme le précise Ouest-France, Christel Heydemann a alors pris notamment en charge “les comptes stratégiques SFR et Orange”. Une maison avec laquelle elle a donc collaboré.

Un profil rassurant pour Orange

Née en 1974, elle connaît une carrière professionnelle fulgurante. Cette diplômée de polytechnique débute sa carrière au Boston Consulting Group, à l’âge de 23 ans. Repérée comme “Young global leader” par le forum économique mondial, elle entre chez Schneider Electric en 2014, après 14 années passées dans les télécoms. 3 ans plus tard, elle est nommée à la tête de la filiale française du groupe.

Ce sont ces expériences, très diverses, qui font dire au spécialiste des ressources humaines Henri Vidalinc, que la future patronne d’Orange est “plus crédible qu’un profil qui se serait construit dans une filière d’expert”.

Christel Heydemann s’est aussi confrontée à l’univers des ressources humaines. C’est ce qui lui a valu de se voir récemment commander un rapport sur la conciliation entre le temps familial et professionnel.

Une compétence sur les questions de ressources humaines dont Orange a besoin. L’ancien PDG Didier Lombard ainsi que six cadres ont été condamnés pour "harcèlement moral", après le suicide de dizaines de salariés de l’ex-France Télécom.

Stéphane Richard, PDG sortant, a réussi, aux yeux des syndicats, à apaiser la crise sociale au sein de l’entreprise.

La préférence de Bercy et de Stéphane Richard

Le dirigeant sur le départ a soutenu la candidature de Christel Heydemann. Et pour cause, c’est lui qui l’a fait entrer au conseil d’administration d’Orange, en 2017. Selon des sources contactées par BFM Business, Stéphane Richard “a beaucoup milité pour sa candidature”.

Le ministre de l’Economie aussi, a défendu sa candidature face à celles de Frank Boulben, responsable des ventes de l'opérateur américain Verizon et de Ramon Fernandez, actuel directeur général délégué.

D’après nos informations, le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, a rencontré Christel Heydemann et ses deux concurrents.

L’entourage de Bruno Le Maire nous a confié qu”à “compétence égale, il privilégie une femme”. Un soutien de poids alors que l’Etat est actionnaire à 23% d’Orange.

Selon les informations de BFM Business, l’Elysée a suivi le choix du ministre de l’Economie et sa “petite préférence” pour Christel Heydemann.

Sa présence au sein du conseil d’administration du numéro 1 français des télécoms a de quoi rassurer l’entreprise. Certains voient même dans sa nomination un symbole de continuité avec le travail amorcé par Stéphane Richard.

Moins de pouvoir que son prédecesseur

Tout l’enjeu pour Christel Heydemann est de réussir à insuffler une nouvelle dynamique, après 11 ans de présidence Richard. Certains pointent déjà une limite : l’impossibilité pour la dirigeante Europe de Schneider Electric de révolutionner Orange. D'abord, parce que le poste actuel de Stéphane Richard va être scindé en deux : directrice général et président non-exécutif.

Ensuite, parce qu'il lui faudra trancher et peut-être aller contre les décisions de son prédécesseur, sur des questions industrielles. Les arbitrages autour d’Orange Bank, en difficulté (650 millions d’euros de pertes depuis 2017) seront scrutés de près. Les reproches récurrents contre Orange : son manque d’innovations et son faible cours de bourse appelleront aussi des réponses nouvelles.

Si le parcours de cette diplômée de l’X est riche, elle n’a pour l’heure jamais dirigé un groupe de la taille d’Orange. Schneider Electric a réalisé un peu plus de 25 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le numéro 1 des télécoms français pèse lui, près du double et compte 139.000 salariés.

Le conseil d’administration, prévu ce lundi 24 janvier, devrait être retardé de quelques jours. En effet, le choix pour la présidence non-exécutive n’a lui toujours pas été dévoilé. Selon l’Express, deux noms tiennent la corde : Jacques Aschenbroich, qui s’apprête à quitter Valeo et Pascal Cagni, qui préside le conseil d’administration de Business France.

Dans ce contexte, Stéphane Richard pourrait rester plusieurs semaines voire plusieurs mois à un poste de président non-exécutif… jusqu’à l'assemblée générale d’Orange, prévue en mai.

Sofiane Aklouf