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Quelles sont les reconversions envisagées pour les salariés des turbines à gaz de GE à Belfort?

Les turbines à gaz et les moteurs d'avions utilisent les mêmes technologies, les mêmes métiers très spécifiques.

Les turbines à gaz et les moteurs d'avions utilisent les mêmes technologies, les mêmes métiers très spécifiques. - SEBASTIEN BOZON / AFP

Parmi les 1000 postes supprimés chez General Electric à Belfort, une grande majorité vont l’être dans l’activité "turbines à gaz". Plusieurs pistes de reconversion sont évoquées. Voici les pistes qui tiennent la corde.

General Electric s’était engagé à ne supprimer aucun poste pendant trois ans au moment du rachat de la branche énergie d’Alstom en 2015. Aujourd’hui, le groupe n’est plus tenu à cette obligation. Au lendemain des élections européennes, mardi, sa direction a donc annoncé la suppression de 1044 emplois à Belfort, son plus vaste site industriel français.

Dans cette restructuration, c’est la branche "turbine à gaz" de l’industriel qui va payer le plus lourd tribut: 792 des 1900 emplois que comptent la filiale vont disparaître. Les 252 restants viendront faire maigrir le centre de service, qui gère la comptabilité. Concernant ces presque 800 salariés de la filière gaz qui pourraient perdre leur poste, le gouvernement n’a qu’un mot à la bouche: reconversion.

Du nucléaire à Belfort?

Ainsi Bruno Le Maire a indiqué ce mercredi sur FranceInfo mercredi avoir "demandé à General Electric de se réinventer industriellement". Et un peu plus tôt ce mois-ci, dans une lettre envoyée au maire de Belfort, le président Emmanuel Macron évoquait des pistes de diversification du site de Belfort "dans le secteur aéronautique, dans l'hydrogène ou les nouvelles centrales nucléaires à l'international".

Emmanuel Macron, qui avait piloté le rachat d’une partie d’Alstom par GE lorsqu’il travaillait à Bercy sous la présidence Hollande, argue qu’une telle diversification aurait du sens. Notamment dans le nucléaire, en perspective du Grand carénage, le vaste programme de modernisation des vieilles centrales pour augmenter leur durée de vie que veut engager EDF. Mais alors que l’avenir des vieux réacteurs n’est toujours pas tranché, certains observateurs estiment ces perspectives de reconversion plutôt floues.

Pourquoi pas, alors, des transferts chez Alstom Belfort, qui a conservé son activité ferroviaire après avoir cédé la branche énergie? "Le nombre de postes disponibles est très très limité, ça se situerait dans l’épaisseur du trait", répond le délégué CFE-CGC d’Alstom.

En revanche, le syndicat du site belfortain a élaboré un projet très concret qui pourrait offrir une nouvelle vie industrielle au Territoire de Belfort: inciter Safran, le fabricant de moteurs d’avions, à faire produire ces engins par General Electric, sur le site sinistré.

Ou la carte Safran...

"Faire de l'aviation à Belfort c'est possible. Les deux secteurs utilisent les mêmes technologies, les mêmes métiers très spécifiques qui n'existent quasiment que dans l'aviation et turbines à gaz : brochage, assemblage, soudage d’élément, perçage laser etc.", expliquait ainsi Philippe Petitcolin, coordinateur du syndicat CFE-CGC qui a imaginé ce projet à France Bleu.

Pour Safran, qui surfe actuellement sur l’explosion du marché aéronautique et des commandes chez Airbus et Boeing, l’opération aurait du sens. Philippe Petitcolin évoque ainsi la possibilité de "faire des moteurs neufs, de la réparation, de l'assemblage de moteurs, de l'usinage. Il y a aussi le critère géographique: on n’est pas loin de Bâle-Mulhouse qui est l'un des plus grands aéroports de maintenance pour les avions privés. Sur le papier, Safran a beaucoup d’intérêts à se planter sur Belfort".

Le projet a d’ores et déjà convaincu les élus du département. Son député, son sénateur, le président du conseil départemental et le maire de Belfort sont allés le défendre devant le PDG de Safran en janvier dernier. Pour le moment, aucune annonce concrète n’est sortie de cette réunion. Mais l’édile de Belfort tempère ainsi les impatients: "ce ne sont pas des choses qui peuvent avancer d’un coup de baguette magique".

Nina Godart