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Quand le gaz hilarant explose dans les usines d’incinération de déchets

Très à la mode chez les jeunes, le controversé protoxyde d'azote fait aussi des dégâts dans les fours d'incinération des usines de déchets.

Ce sont des petites capsules qui se multiplient sur les trottoirs. Depuis plusieurs années, le protoxyde d'azote, appelé aussi gaz hilarant ou "proto", est devenu très populaire auprès des jeunes. Normalement utilisé pour les siphons en cuisine ou dans l'industrie, ce gaz donne des effets euphorisants mais peut aussi entrainer des dommages neurologiques. L'année dernière, les autorités sanitaires ont tiré la sonnette d'alarme si bien que ces capsules sont désormais interdites à la vente aux mineurs.

En réalité, elles continuent à circuler et se vendent aussi sur internet dans des quantités toujours plus grandes. Et les risques sont aussi industriels car des bonbonnes de 25 à 50 cm se retrouvent dans les usines d'incinération des déchets. Le reste de gaz finit par exploser dans les fours chauffés à 1000 degrés des incinérateurs et endommage le matériel.

Des risques d'explosion

Voilà plusieurs mois que les professionnels du secteur alertent d'ailleurs sur la recrudescence des risques d'explosion dans leurs installations.

Interrogée par le Figaro, l'usine de traitement des déchets de Créteil Valo'marne a ainsi comptabilisé 263 éclatements depuis janvier dernier pour un préjudice en dégâts matériels de 600.000 euros.

"Elles sont indétectables à l'œil nu, explique sa directrice Marie-Christine Viratelle à BFMTV. Dans certains cas, si la déflagration est trop forte, on va avoir des barreaux de grille qui vont être cassés ou fissurés et donc on ne va plus pouvoir faire fonctionner le four. Dans ce cas-là, on va devoir arrêter la ligne d'incinération complète".

Et puisque certaines usines servent aussi à produire de l'électricité pour les habitations, les explosions peuvent entrainer des coupures de courant.

Les principaux problèmes se situent actuellement en Ile-de-France et en Occitanie mais les professionnels estiment que c'est la totalité du territoire qui est concernée par cette situation. Face à ce fléau, les centres commencent à protéger leurs installations.

Ramener ces capsules en déchetterie

En réalité, l'enjeu est de ne pas retrouver ces capsules et bonbonnes dans le circuit classique des déchets. Comme toutes les cartouches contenant du gaz, elles doivent être amenées en déchetterie et non dans la poubelle recyclable. Cela vaut aussi pour les recharges de gaz ou de Sodastream (échangeables en magasin, précise la marque) qui provoquent régulièrement des accidents.

En 2017, une bloggeuse française avait perdu la vie après l'explosion d'un siphon à chantilly qui aurait percuté son thorax au niveau du coeur.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business