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PSA-FCA, quel avenir pour les usines françaises?

La direction de PSA s’est montré rassurante sur le futur des usines françaises, dans le cadre d’une fusion entre Fiat-Chrysler et PSA.

Est-ce que les usines Peugeot fabriqueront bientôt des Fiat, et inversement? Et surtout avec combien d’usines? Alors que les deux groupes ont confirmé ce mercredi être en discussion pour une alliance (dont la forme reste à l’heure où nous écrivons inconnue), les interrogations se forment sur l’outil industriel du futur ensemble.

Au niveau mondial, on peut en effet parler d'une certaine complémentarité sur le plan géographique. Peugeot-Citroën ne possède que peu d’usines sur le continent américain et Fiat n’est pas vraiment présent en Chine. Les deux groupes disposent toutefois d'une forte implantation en Europe. Et qui dit fusion dit souvent restructuration.

"Une des grandes questions est celle de la fabrication, en particulier en Europe, où les niveaux d’utilisation de la capacité de production et les combinaisons usine-produits peuvent être réexaminés ultérieurement", expliquait David Legget, analyste chez GlobalData, dans un communiqué.

Fiat très italien, PSA présent dans toute l'Europe

PSA dispose ainsi de 18 sites d’assemblage sur le continent, dont 5 en France (Sochaux, Mulhouse, Rennes, Poissy et Sevelnord, à Hordain), selon le recensement du site spécialisé Automotive News Europe. Il faut ajouter 10 usines de composants (moteurs et boites), dont 5 situées en France.

Fiat est lui majoritairement implanté en Italie, avec 8 de ses 11 usines d’assemblage dans la Botte, et 7 de ses 8 usines de composants. Les deux partenaires exploitent par ailleurs en commun l’usine de Sevelsud, située au centre de l’Italie. Les deux groupes disposent ainsi de près d’une cinquantaine de sites en Europe. Soit plus que le groupe Volkswagen.

Des usines PSA qui tournent à plein en France

Sans détail sur le partenariat mis en place, difficile de spéculer, mais les usines PSA, notamment les sites français, présentent quelques atouts. Ces usines tournent toutes à pleine charge, à plus de 100% de leurs capacités, à part l’usine francilienne de Poissy. Succès des modèles et compacité des sites expliquent ce taux d’utilisation très élevé. La situation semble plus tendue chez Fiat. Selon LMC Automotive, le taux d’utilisation n’est actuellement que de 60%.

Comme le rappelait Les Echos en juin, lors des discussions avec Renault, les usines Fiat ont elles souffert de chômage partiel en 2018. Et face aux méventes d’Alfa Romeo, ou encore aux restructurations à venir pour produire les premiers modèles hybrides rechargeables, les sites italiens se semblent pas forcément à l’abri.

"Globalement en Europe, il n'y a pas énormément de surcapacités, car nous sommes toujours en conjoncture haute, relevait en juin Bernard Jullien, maître de conférence à l'université de Bordeaux. Mais en cas de retournement sévère, les dirigeants auront beau jeu d'expliquer qu'une fermeture est nécessaire. En outre, il est toujours possible de réduire drastiquement les productions".

Les syndicats de PSA vigilants

La direction de PSA s’est elle montré ce matin rassurante devant les représentants syndicaux. "Il n’est pas prévu de fermeture de site en France dans le cadre de ce projet", aurait affirmé la direction, selon un communiqué de la CFE-CGC. Dans l’attente des détails du futur attelage industriel, les représentants syndicaux restent cependant prudents.

"Rien n’est acquis dans la vie, avec l’évolution du secteur automobile, il faut rester vigilants", confie à notre micro Ahn-Quan Nguyen, délégué CFE-CGC chez PSA.

"Les aspects industriels, économiques, financiers d’une telle alliance semblent faire sens, notamment pour PSA qui est encore très européen, nous explique Franck Don, délégué central CFTC. Cela a aussi du sens pour Fiat Chrysler. Mais 1+1 fait rarement 2 dans l’automobile, il ne s’agit pas d’alarmer, mais de rester attentif sur les restructurations quand le projet sera connu".

Une attention que doivent également avoir les représentants syndicaux italiens. John Elkann pourrait plus facilement faire accepter des fermetures de site en Italie si ces dernières sont pilotées par Carlos Tavares.

Pauline Ducamp