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Présidence d'Orange: la candidature de Jacques Aschenbroich violemment rejetée par le personnel

La candidature à la présidence d'Orange de Jacques Aschenbroich actuellement à la tête de Valeo, n'est pas bien accueillie par les salariés actionnaires qui le trouvent trop vieux et incompétent en matière de numérique.

La candidature à la présidence d'Orange de Jacques Aschenbroich, 67 ans, actuellement à la tête de Valeo, doit être validée par le conseil d'administration du groupe de télécom qui se réunit mercredi. Elle est loin de faire l'unanimité des représentants du personnel du groupe.

Sur BFM Business, Sébastien Crozier, président CFE-CGC Orange et également candidat au poste, n'a pas mâché ses mots contre son adversaire:

"Le personnel ne veut pas d'un candidat de plus de 70 ans censé incarner l'entreprise. Vous ne pouvez pas dans une entreprise où vous incitez les personnels de plus de 55 ans à préparer leur retraite, faire incarner l'entreprise par quelqu'un de plus de 70 ans", a lancé Sébastien Crozier rappelant qu'il dépassera les 70 ans en cours de mandat de 4 ans.

Le président CFE-CGC assure également que Jacques Aschenbroich n'a aucune compétence dans le numérique.

"Sa méconnaissance du numérique nous laisse stupéfait. Nous ne comprenons pas comment l'Etat peut imaginer confier ce poste à quelqu'un qui n'a jamais approché les sujets numériques", tacle Sébastien Crozier en ajoutant que son adversaire a raté la révolution numérique chez Valéo faisant même chuter le cours de l'action de 70 à 17 euros pendant son mandat.
"Les personnels sont contre. Il n'a aucune compétence (...). Il n'incarne pas l'avenir. Les personnels n'en veulent pas. Ils s’exprimeront contre lors de l'assemblée générale", prévient Sébastien Crozier rappelant que "la dernière fois que l'Etat nous a imposé un candidat, c'était Didier Lombard".

Pour Bercy, ce critère d'âge n'est qu'une "modalité" qui ne devrait pas faire obstacle à la candidature du président de Valeo. L'opérateur souhaiterait d'ailleurs présenter une résolution pour qu'un mandat puisse se terminer au-delà de l'âge limite, a indiqué à l'AFP une source au sein de l'entreprise.

Bras de fer?

La position du personnel, représenté par Sébastien Crozier, peut-elle jouer contre cette candidature? L'Etat, premier actionnaire d'Orange, l'État soutiendra Jacques Aschenbroich. Tout changement des statuts requiert le vote de la majorité des deux tiers pour être approuvé. L'État détient près de 23% des actions d'Orange, et contrôle autour de 29% des droits de vote. Les salariés actionnaires détiennent près de 7% du capital et 10% des droits de vote.

Le départ contraint de Stéphane Richard, PDG d'Orange depuis 2011 condamné en novembre dans l'affaire Tapie/Crédit Lyonnais, a précipité la nomination d'une nouvelle direction, dans le cadre d'une gouvernance dissociée.

Plusieurs groupes, dont l'État est actionnaire, ont mis en place une telle gouvernance, comme Renault, après le départ de Carlos Ghosn, ou Engie, où Gérard Mestrallet est passé en 2016 du poste de PDG à celui de président non exécutif.

Christel Heydemann, 47 ans, a été nommée fin janvier au poste de directrice générale d'Orange pour une prise de fonction le 4 avril.

"Elle est associée à tout le processus concernant le choix du futur président", assure-t-on au sein du groupe, précisant que "chacun sera dans son rôle" dans le futur tandem.

Jacques Aschenbroich, qui dirigeait l'équipementier automobile Valeo depuis 2009, a cédé les rênes opérationnelles fin janvier, ne conservant que la présidence. Son mandat court jusqu'en mai 2023.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco