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Nucléaire: la décision de construire de nouveaux réacteurs EPR repoussée après 2021

EDF prévoyait de remplacer après 2029 certains réacteurs actuels vieillissants en partie par des EPR.

EDF prévoyait de remplacer après 2029 certains réacteurs actuels vieillissants en partie par des EPR. - Charly Triballeau-AFP

Le gouvernement envisage de décider entre 2021 et 2025 le lancement éventuel d'une "série" de réacteurs EPR, estimant qu'il faut d'abord en baisser les coûts. Ce point fait partie de la "feuille de route énergétique" à l'horizon 2028, qui doit être présentée courant novembre.

Le gouvernement aurait décidé de pas décider tout de suite de programmer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires EPR. Il envisage de décider entre 2021 et 2025 s'il lancera la construction d'une "série" de réacteurs EPR, estimant qu'il faut d'abord en baisser les coûts, selon un document de travail gouvernemental. Ce document, dont l'authenticité a été confirmée par une source gouvernementale, a été élaboré dans le cadre de la définition de la feuille de route énergétique nationale à l'horizon 2028, plusieurs fois différée mais qui sera présentée courant novembre par Emmanuel Macron lui-même.

La filière nucléaire est ainsi appelée à mettre au point avant mi-2021 un "programme industriel" qui garantisse que d'éventuels futurs EPR auront un coût acceptable (évalué entre 60 et 70 euros/mégawattheure).

EDF veut prolonger jusqu'en 2029 certaines centrales

Certains des 58 réacteurs du parc nucléaire français, autorisés pour l'instant à fonctionner pendant 40 ans, commenceront à atteindre cette échéance à partir de 2019. EDF prévoit de grands travaux pour prolonger leur fonctionnement jusqu'en 2029 et il compte après cette date en remplacer une partie par des EPR.

Le groupe travaille depuis plusieurs années au développement d'un modèle d'EPR simplifié, moins cher et moins long à construire, alors que les chantiers actuels, dont celui de Flamanville (Manche), ont multiplié retards et surcoûts. EDF prévoit désormais de le démarrer fin 2019, pour une mise en service commerciale en 2020, contre 2012 initialement.

Si une série de nouveaux EPR devait être lancée, le groupe estime pouvoir atteindre une fourchette de coût située entre 60 et 70 euros/mégawattheure, affirmait son PDG Jean-Bernard Lévy lors d'une audition en avril 2018 à l'Assemblée nationale, soit exactement la cible visée par le gouvernement dans son document.

Dans sa contribution au débat public sur la feuille de route énergétique, le groupe affirmait attendre "une décision prochaine" de l'Etat pour lancer le processus permettant de mettre une "première" centrale en service "en 2030 ou à peu près".

Pas de nouvel EPR avant 2030 ?

Si le gouvernement ne se prononce pas avant 2025, ce calendrier a peu de chance de se concrétiser, d'autant que le futur modèle de réacteur EPR devra recevoir les autorisations nécessaires.

Durant l'été, le journal Les Échos avait dévoilé un rapport commandé par les ministères de l'Énergie et de l'Économie et rédigé par deux acteurs historiques du nucléaire, qui recommandait de lancer la construction de six EPR, avec un premier chantier dès 2025.

Mais plusieurs membres du gouvernement avaient à l'époque temporisé, à l'image du ministre de l'Économie Bruno Le Maire. "La sagesse recommande déjà d'attendre que l'EPR de Flamanville soit achevé avant de prendre des décisions", avait-il affirmé. Au ministère de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy a estimé lui aussi qu'"il faudrait déjà qu'EDF fasse la démonstration que l'EPR fonctionne, ce qui n'est pas encore le cas".

Aucune fermeture de réacteurs nucléaires évoquée

Le document de travail, axé sur les solutions technologiques d'avenir pour l'énergie, ne mentionne en revanche aucune fermeture de réacteur. Un "programme de recherche" doit même être lancé pour étudier le prolongement de la durée de vie du parc existant, sans précision sur l'échéance souhaitée. Outre le nucléaire, il évoque également les énergies renouvelables, le stockage, la mobilité, le bâtiment ou encore l'hydrogène.

Le gouvernement est en cours d'élaboration de la feuille de route énergétique de la France à horizon 2028, baptisée programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Initialement attendue pour fin juin, sa présentation a été reportée au mois de novembre.

F.Bergé avec AFP