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Nouvelles normes pour les moteurs: BMW s'attend à une lourde facture et il ne sera pas le seul à souffrir

Le constructeur allemand de voitures haut de gamme BMW a révisé à la baisse mardi ses prévisions de résultats pour 2018, évoquant notamment les "distorsions" du marché provoquées par les nouveaux tests d'émissions polluantes WLTP.

Le constructeur allemand de voitures haut de gamme BMW a révisé à la baisse mardi ses prévisions de résultats pour 2018, évoquant notamment les "distorsions" du marché provoquées par les nouveaux tests d'émissions polluantes WLTP. - CHRISTOF STACHE / AFP

Ce mardi, le constructeur bavarois a révisé à la baisse ses prévisions de résultats pour 2018. Un premier signe des turbulences à venir dans le secteur automobile.

Les motorisations BMW ont passé sans encombres l’entrée en vigueur de WLTP, contrairement à bien d'autres marques comme son compatriote Volkswagen. Le constructeur bavarois vient pourtant d’être rattrapé par les atermoiements autour de ce nouveau système d’homologation, entré en vigueur le 1er septembre.

La marque bavaroise révise ainsi à la baisse ses prévisions de résultats pour 2018. Ce mercredi après-midi, c’est même tout le secteur automobile qui souffrait sur les places boursières, à Francfort comme à Paris. Volkswagen perdait 2,1%, Peugeot chutait de 3,3%.

Une distorsion artificielle du marché

L’avertissement de BMW aux investisseurs apparaît comme la première manifestation concrète de ce que redoute tout le secteur depuis cet été: un marché en proie aux turbulences et incertitudes. Le changement de normes d’homologation a en effet amené de nombreux constructeurs à déstocker cet été les véhicules. Certaines voitures n’ont en effet pas encore été réhomologuées, et il a donc fallu les écouler auprès des consommateurs, via des rabais.

D’autres, suite à la nouvelle homologation, consomment facialement plus en septembre, elles risquent donc de souffrir d’une mévente. Le nouveau cycle WLTP se veut en effet plus proche dans ses tests des émissions et consommation réelles d’un véhicule. Certaines marques ont donc choisi de faire immatriculer artificiellement par les concessionnaires certaines voitures. D’où une large prédominance des immatriculations par les professionnels (60%), plutôt que par des particuliers.

Résultat: des ventes en forte hausse en juillet et en août en Europe, +31,2%. Certains constructeurs ont enregistré des records: +40% pour le Groupe Fiat en août, +41% pour le Groupe Volkswagen, ou encore +68% pour la marque Renault. Paradoxalement, BMW n’a vu ses ventes croître que de 6,5%. Le constructeur allemand n’a visiblement pas eu recours aux recettes "miracles" de ses concurrents. Il est cependant le premier à expliquer qu’il pourrait pâtir de ces nombreuses immatriculations estivales.

Des incertitudes dans les mois à venir

Les concessionnaires font en effet face à trois écueils. Tout d’abord, il va leur falloir écouler les voitures qu’ils ont eux-mêmes immatriculées. Ces voitures sont appelées "occasion zéro kilomètre". C’est une bonne affaire pour les consommateurs, qui peuvent acheter une voiture neuve moins chère. Mais face à ces promos, les modèles ou les marques qui n’offrent pas de remises risquent de souffrir. BMW évoque ainsi une "compétition plus forte qu’attendue sur plusieurs marchés européens". Compétition qui s'ajoute aux tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis.

Plus largement, les incertitudes liées aux nouvelles consommations et émissions risquent également de perturber les consommateurs, craignent les professionnels du secteur. Les conséquences devraient rester relativement mesurées dans un premier temps. Avant le 1er janvier 2019, les constructeurs peuvent utiliser une norme dite "NEDC corrélé" (du nom de l’ancien système d’homologation), calculée à partir de la valeur en WLTP en minimisant la hausse d'émissions de CO2. Mais l’inquiétude règne. "Personne ne souhaite communiquer sur ses valeurs", explique un patron du secteur. Une question qui devrait faire débat dès la semaine prochaine, à l'occasion de l'ouverture du Mondial de l'Automobile de Paris.

Pauline Ducamp