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Nissan joue sa survie en supprimant 12.500 emplois dans le monde

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Le constructeur automobile japonais Nissan, confronté à une dégringolade de ses profits, a annoncé jeudi la suppression de 12.500 emplois parallèlement à la réduction de sa production de 10% sur les trois prochaines années.

Dès mercredi 24 juillet, le chiffre déjà haut de 10.000 emplois supprimés par Nissan avait fuité. La réalité est pire que les estimations. Ce jeudi, le groupe a annoncé qu'il allait supprimer 12.500 emplois dans le monde en ajoutant qu'il compte réduire sa production de 10% d'ici à 2022/23.

Le groupe a déjà commencé à mettre en oeuvre ses douloureuses mesures de restructuration dans huit différents sites et projette de les poursuivre en six autres endroits, mais son patron Hiroto Saikawa n'a pas souhaité, pour le moment, préciser lesquels.

Au premier trimestre de l'exercice 2019/20 (avril-juin), l'allié de Renault a vu son bénéfice net fondre de près de 95% à 6,4 milliards de yens (52 millions d'euros au cours retenu par le groupe), tandis que son chiffre d'affaires a reculé de 12,7% sur la période, dans un contexte de ralentissement aux Etats-Unis et en Europe.

Le fer de lance de "l'Alliance"

"Le volume total de l'industrie a été faible pendant le trimestre et les ventes unitaires de Nissan ont diminué alors que la compagnie poursuit ses efforts pour les normaliser", explique le groupe dans un communiqué, à rebours de la stratégie de course aux volumes menée par son patron déchu Carlos Ghosn.

Le groupe Nissan était le fer de lance de l'alliance avec Renault et Mitsubishi. Désormais en plein marasme industriel et financier, il tente de s'adapter pour affronter cette période délicate. Hiroto Saikawa, patron du groupe dont la réputation de cost killer n'est plus à faire, espère un retour à l’équilibre d'ici trois ans. Sera-t-il aux commandes du groupe pour voir le retour à l'équilibre? Beaucoup en doute. La chute des résultats et son implication dans les déboires de Carlos Ghosn pourraient le pousser vers la sortie.

Cette situation pourrait avoir des conséquences sur l'Alliance Renault Nissan Mitsubishi déjà malmenée par des tensions depuis l'affaire Ghosn. "L’alliance a été prospère jusqu’ici parce que nous avons respecté notre indépendance respective" a rappelé Hiroto Saikawa en juin dernier. "Si la relation bascule dans un gagnant-perdant, elle rompra très rapidement".

En juin sur BFM Business, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, rejetait l'éventualité d'un abandon de l'alliance. "Si vous abandonnez cette alliance (avec Nissan), vous abandonnez la proie pour l’ombre et je pense que c’est irresponsable. Ce serait fait courir un risque à une entreprise emblématique française comme Renault", a martelé le ministre.

Pascal Samama avec AFP