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Mission vélo: les objectifs de Guillaume Gouffier-Cha, le "Monsieur vélo" du gouvernement

La mission parlementaire sur la filière vélo a été confiée au député Guillaume Gouffier-Cha, député LREM du Val-de-Marne et vice-président du Club des élus nationaux pour le vélo.

La mission parlementaire sur la filière vélo a été confiée au député Guillaume Gouffier-Cha, député LREM du Val-de-Marne et vice-président du Club des élus nationaux pour le vélo. - Ludovic MARIN

La pratique du vélo explose et avec elle toute une économie dont la France ne profite pas assez. Guillaume Gouffier-Cha, député du Val-de-Marne et "vélotaffeur", nous explique les grands axes de sa mission.

La fièvre du cyclisme a gagné la quasi-totalité du pays en quelques années avec, depuis la crise sanitaire, des pics jamais atteint en France. Près de 2,7 millions de vélos ont été vendus en France en 2020 (+25% sur un an), dont 514.600 vélos à assistance électrique (+29 %), pour trois milliards d'euros de chiffre d'affaires, selon l'Union sport et cycle.

Mais sur ces ventes, la France n'a produit que 660.000 vélos et en a importé 2,2 millions, notamment depuis le Portugal, la Roumanie et l'Italie. Trois ans après le plan vélo, qui a remis les Français en selle, le gouvernement va tenter de récréer une filière industrielle pour tirer profit de cet engouement. Il a confié une mission parlementaire sur cette industrie à Guillaume Gouffier-Cha, 35 ans, député LREM du Val-de-Marne et vice-président du Club des élus nationaux pour le vélo.

"En 2020 les chiffres ont été excellents, mais ils auraient pu être meilleurs s'il n'y avait pas eu cette pénurie. Il y a eu un manque à gagner que nous tentons d'évaluer. Par exemple, un réseau de vente comptait ouvrir 12 magasins et n'a pu en ouvrir que deux par manque de produits", indique Guillaume Gouffier-Cha.

Rester maître de la "data"

Ancien membre du cabinet de Jean-Yves Le Drian lorsqu'il était ministre des Armées, ce vélotaffeur soutient de longue date que c'est une question de souveraineté industrielle, un enjeu stratégique de mobilité et de développement industriel dans les territoires.

"La mission va s'attaquer aux retombées économiques de cette filière. La France n'est pas en reste. On est actuellement le 6e pays d'Europe, on compte monter dans ce classement", a expliqué à BFM Business Guillaume Gouffier-Cha.

Ce travail est dense. Il ne va pas consister à créer un vélo industriel made in France, mais à étudier l'ensemble des leviers qui permettront de faire bénéficier aux entreprises françaises de cette économie en forte progression.

"On ne va pas tenter de produire des dérailleurs comme avant, mais soutenir les initiatives liées aux nouvelles technologies, aux services, aux équipements, à la formation professionnelle et aux infrastructures qui permettent de circuler et stationner son vélo en toute sécurité", précise le député du Val-de-Marne en pointant l'importance de rester maître des "datas" créées par cette mobilité.

Il s'agit de ne pas rater les retombées économiques de la croissance du vélo. Cette économie va de paire avec les déplacements qui devraient quadrupler dans quelques années passant de 3% à 12%.

300.000 emplois

"La filière représente actuellement 78.000 emplois sans compter les infrastructures. D'ici 10 ans, nous sommes capables d'atteindre 230.000 à 300.000 emplois et ce développement économique va profiter aux territoires", vise Guillaume Gouffier-Cha.

Concrètement, il s'agirait de développer des clusters de vélos, comme la Vélo Vallée installée dans le Gers qui accueille l'ensemble de la filière pas très loin de Toulouse où sont installées les grandes entreprises de l'aéronautique et du spatial.

"Il y a des ponts avec ces industries comme avec celle de l'automobile, pour preuve, Valéo qui a créé l'un des moteurs les plus performants pour les vélos classiques mais aussi pour les vélos cargo qui sont l'élément majeur de la livraison sur le dernier kilomètre. Il y a quelques années, un dirigeant de Shimano disait craindre la concurrence des équipementiers de l'automobile, il avait raison", se réjouit le député.

La mission va aussi soulever des points réglementaires comme la réglementation sur la vitesse, la TVA à appliquer sur les vélos d'usage professionnel ou une signalisation spécifique.

"Il faut s'interroger sur un alignement de la vitesse maximum de l'assistance électrique qui est de 25 km/h en France et atteint 30 km/h dans des pays de l'Union européenne", indique Guillaume Gouffier-Cha.

Sur le port du casque, le député reste dans la droite ligne de ce qui se fait. "Je ne proposerai pas d'obligation, ce serait un frein", nous a-t-il confirmé.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco