Médicaments: Frédéric Bizard pointe "un déséquilibre entre l'offre et la demande à l'échelle mondiale"

Alors que le ministre de la Santé avance un problème de répartition des stocks sur le territoire pour expliquer les tensions d'approvisionnement sur certains médicaments, l'économiste Frédéric Bizard estime qu'il y a "un problème de diagnostic du gouvernement".

"La demande de médicaments explose en France", souligne Frédéric Bizard ce mardi 31 octobre sur l'antenne de BFM Business. Selon l'économie spécialiste des questions de santé, le gouvernement se trompe de "diagnostic" pour expliquer les tensions d'approvisionnement dont font régulièrement l'objet certains médicaments.

"En 2022, 3.000 médicaments sont soit en rupture soit en tensions, et on en est à entre 3.000 et 4.000 en 2023", rappelle-t-il. Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a indiqué ce mardi sur l'antenne de RTL qu'il comptait réunir "la semaine prochaine" tous les acteurs concernés par le sujet de la gestion des stocks de médicaments. Il veut notamment comprendre pourquoi certains patients n'en "trouvent pas" malgré des chiffres qui indiquent que les stocks sont suffisants au niveau national. Le ministre pointe en particulier des pratiques de surstocks auxquelles s'adonneraient certaines grandes pharmacies.

Une pression sur la demande

Mais, pour Frédéric Bizard, ces difficultés s'expliquent avant tout par "un grand déséquilibre entre l'offre et la demande à l'échelle mondiale". En France, la demande augmente et continuera à croître en raison du vieillissement de la population, les personnes âgées étant les plus gros consommateurs de médicaments.

"Les plus de 75 ans consomment chaque jour 3,5 médicaments", souligne-t-il. Or "ces plus de 75 ans vont passer de 7 millions à 12 millions dans les vingt ans qui viennent".

"Une réduction de la base de production"

Une tendance qui s'observe dans le monde entier, selon le professeur associé à l'ESCP Europe.

Face à cela, il estime qu'il y a "une réduction de la base de production considérable en particulier pour les vieux médicaments". Pour ces produits jugés peu rentables, les fabricants ont procédé à des délocalisations en Chine.

L'économiste préconise donc "un choc d'attractivité pour les investisseurs et les industriels afin de recréer une base de production". Mais contrairement au plan de relocalisation imaginé par le gouvernement français, Frédéric Bizard estime que ce dynamisme doit s'opérer à l'échelle européenne. Il imagine ainsi la création d'"un consortium à l'échelle européenne pour sécuriser une demande à un prix donné et faire revenir les investisseurs durablement".

Nina Le Clerre