Les fournisseurs de Tesla inquiets de la situation financière de l'entreprise

Plusieurs fournisseurs du constructeur automobile ont fait savoir leurs inquiétudes quant à la capacité de Tesla à payer les services qui lui ont été rendus. Certains craignent même que l'entreprise ne fasse faillite alors que les incertitudes se multiplient ces derniers mois.

La solidité financière de Tesla suscitent de nombreuses inquiétudes. À commencer par celles de certains de ses fournisseurs qui estiment que la production de la Model 3 a épuisé une partie de la trésorerie du constructeur automobile.

Une enquête envoyée par une association de fournisseurs automobiles à des cadres dirigeants et dévoilée par le Wall Street Journal révèle en effet que 18 des 22 personnes interrogées pensent que Tesla représente désormais un risque financier pour les entreprises. Huit répondants craignent en outre que le constructeur ne fasse faillite.

Interrogés séparément, plusieurs de ces équipementiers ont déclaré que le groupe américain avait tenté d’allonger les délais paiement ou demandé une remise importante. Des petits fournisseurs ont également indiqué ne pas avoir été payés au cours des derniers mois pour les services fournis à Tesla.

Des délais de paiement allongés de 60 à 120 jours

Pourtant, selon des sources proches de l’entreprise, Tesla a amélioré à 95% ses délais de paiement aux fournisseurs liés à la production contre 90% l’année dernière. Pour les autres, Tesla règle dans les délais dans 80% des cas. "Nous ne sommes pas en retard parce que nous ne pouvons pas les payer. C’est juste parce que nous vérifions si les pièces sont correctes", s’est justifié Elon Musk.

En attendant, le groupe d’Elon Musk aurait demandé ces dernières semaines à certains de ses fournisseurs des remises allant de 9 à 20% de ce que la société avait payé en 2016. Les demandes de délais de paiement supplémentaires seraient quant à elle passées dans certains cas de 60 à 120 jours. Un des sous-traitants de l’entreprise a également fait savoir que Tesla avait cessé de le payer depuis le printemps dernier, ce qui lui fait craindre aujourd’hui l’insolvabilité de sa propre société.

"Chaque fois qu’il y a de l’incertitude sur le marché, cela suscite des inquiétudes chez les fournisseurs"

S’ils ne représentent qu’une infime fraction des entreprises travaillant pour Tesla, les fournisseurs ayant participé à l’enquête témoignent tout même de l’inquiétude qui plane autour de la capacité du constructeur automobile à payer ses sous-traitants.

"En ce qui concerne Tesla, chaque fois qu’il y a de l’incertitude sur le marché, cela suscite des inquiétudes chez les fournisseurs", a expliqué Julie Fream, directrice générale de l’Original Equipment Suppliers Association, à l’origine de l’enquête. "Le dialogue actuel sur la sortie de Tesla de la Bourse, les défis bien connus de la montée en puissance de la fabrication de la Model 3, ainsi que les tactiques d’achats litigieuses récemment signalées, suscitent des inquiétudes chez nos membres".

Une trésorerie en chute depuis le début de l'année

Au cours des six premiers mois de l’année, la trésorerie de Tesla a chuté de 1,13 milliard de dollars, à 2,24 milliards de dollars. Mais l’entreprise espère augmenter ses liquidités de plusieurs centaines de millions de dollars à la fin du mois de septembre grâce à une augmentation des livraisons de véhicules.

Reste qu'au total, 16 entreprises ont déposé depuis octobre des "privilèges" contre Tesla, c’est-à-dire des plaintes pour réclamer des compensations pour des impayés. C’est quatre fois plus que sur l’année 2015 et 2016 réunies.

De son côté, Deepak Ahuka, directeur financier de Tesla, a estimé qu’il ne fallait pas voir la réaction des sous-traitants comme un signe de détresse financières: "C’est un problème entre le sous-traitant et l’entrepreneur", a-t-il indiqué, précisant que les sous-traitants ont l’habitude de nommer le fabricant dans un "privilège" pour exercer une pression sur lui.

Paul Louis