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Le patron d'Infineon estime que les pénuries de semi-conducteurs pourraient durer "jusqu'en 2023"

Reinhard Ploss

Reinhard Ploss - CHRISTOF STACHE

Le patron du premier fabricant allemand de puces électroniques assure qu'il faudrait "20% de capacités de production en plus" pour répondre à la demande de certains secteurs. Or, "on ne peut pas augmenter significativement" ces capacités à court terme, prévient-il.

La pénurie mondiale de puces électroniques, causée par des déséquilibres liés à la pandémie de coronavirus, pourrait durer "jusqu'en 2023", a prévenu ce vendredi le patron du fabricant allemand de semi-conducteurs Infineon.

"La pénurie de puces électroniques pourrait s'étendre jusqu'en 2023 dans les zones où on doit attendre de nouvelles usines", a affirmé Reinhard Ploss, dans une interview au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Dans les secteurs les "plus sous tension", comme "la téléphonie mobile", il faut "20%" de capacités de production en plus afin de répondre à la demande, a-t-il justifié. Or, "on ne peut pas augmenter significativement les capacités à si court terme", selon Reinhard Ploss.

"La construction de nouvelles installations (...) dans lesquelles les plaquettes de silicium sont transformées en puces peut prendre deux ans à deux ans et demi", a-t-il détaillé.

Déséquilibre inédit

Le groupe est le premier constructeur allemand de puces électroniques, et figure parmi les leader mondiaux dans ce secteur. Cette industrie est touchée par un déséquilibre inédit entre une demande au plus haut et une offre insuffisante, notamment en raison de perturbations liées à la crise du Covid-19. Par ailleurs, dans le secteur automobile, premier débouché d'Infineon, la demande de composants est très forte pour alimenter le boom des véhicules électriques, et la reprise de l'activité, après la levée des restrictions sanitaires au printemps.

Or, les constructeurs se trouvent en concurrence avec d'autres industries gourmandes en puces - ordinateurs, smartphones, objets connectés - qui captent une bonne part de l'offre. D'autant que certains sites de production, la plupart situés en Asie, ont été frappés par des restrictions sanitaires ces derniers mois. Le groupe a par exemple dû interrompre en juin la production dans son usine en Malaisie employant 8000 personnes, à cause de mesures de confinement locales.

Désormais, les pénuries freinent la reprise dans le secteur automobile. En juillet, le marché a connu une baisse de 25%, après quatre mois de hausse continue. Vendredi, le constructeur Daimler a d'ailleurs annoncé vouloir continuer à profiter du dispositif de chômage partiel dans ses usines allemandes, en raison du manque de composants électroniques.

P.L. avec AFP