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La hausse des prix de l'énergie, l'autre gros problème de l'industrie automobile

Avec la pénurie des composants électroniques et de matières premières, l'industrie automobile subit aussi la hausse du coût de l'énergie, a alerté Luc Chatel, qui représente la filière en France.

Les difficultés s'accumulent pour l'industrie automobile. Avec la pénurie des composants électroniques et de matières premières, le secteur subit aussi la hausse du coût de l'énergie, a alerté Luc Chatel, qui représente la filière en France. En plus de la pénurie de composants électroniques comme les semi-conducteurs et une envolée des prix des matières premières, le secteur fait également face à une hausse du coût de l'énergie, a alerté Luc Chatel, invité du Grand Journal de l'Eco sur BFM Business ce lundi 13 décembre.

Un déficit de production mondiale de 11 millions de voitures

"Vous avez une addition de plusieurs phénomènes: le premier, c'est la rupture d'approvisionnement en composants électroniques, qui va empêcher de produire en 2021 dans le monde plus de 11 millions de véhicules, 3,5 millions en Europe", a expliqué le président de la plateforme automobile (PFA) qui représente la filière.

Par rapport à un marché mondial à 80 millions de voitures, Luc Chatel estime le déficit de production à 15% en raison de ces ruptures d'approvisionnement. Et la France n'est pas épargnée:

"En 2021, on va être au niveau de production de l'année dernière, soit 1,3 million de véhicules, c'était 1,6 million avant la crise. C'est un niveau historiquement bas. N'oubliez pas qu'il y a 25 ans on produisait plus de 3 millions de véhicules en France mais c'est un autre sujet, qui amène à la compétitivité de l'industrie".

Conséquence de cette pénurie de composants, des délais qui s'allongent pour se faire livrer un véhicule neuf, ce qui pénalise fortement le marché automobile.

"Allez aujourd'hui chez un concessionnaire, et vous avez 8 à 9 mois de délais: il suffit qu'il manque un seul composant électronique, qui coûte seulement quelques centimes mais sur une pièce essentielle à la sécurité d'un véhicule, pour que cela provoque une rupture d'approvisionnement", a souligné Luc Chatel.

Coûts des matières premières, du transport et de l'énergie

En plus de la pénurie de composants, le secteur doit faire face à deux autres problèmes:

"Nous avons en parallèle ce phénomène d'inflation massive sur les matières premières, je pense aux métaux, au plastique, au transport maritime, le prix des conteneurs a été multiplié entre x7 et x10 en un an. Et nous avons un nouvel élément depuis cet été: c’est une inflation massive sur l’énergie: des entreprises industrielles de l'automobile ont dû en 2021 renégocier leur partenariat avec leur fournisseur d'énergie, ont vu des augmentations de 60 à 70%

En consréquence, une hausse des prix sur les véhicules neufs, mais qu'il est difficile d'attribuer uniquement à ces différents phénomènes dans un contexte d'électrification du marché, et des voitures 100% électriques ou hybrides qui coûtent plus ches que leurs homologues thermiques, pour un modèle donné.

"En 2022, l’impact de la fourniture d’énergie sur l'acier devrait être de 100 à 150 euros la tonne, dont le prix est aujourd'hui de 1200 euros, donc une hausse d'environ 10%.

En conséquence, une hausse des prix sur les véhicules neufs, mais qu'il est difficile d'attribuer uniquement à ces différents phénomènes dans un contexte d'électrification du marché, et des voitures 100% électriques ou hybrides qui coûtent plus cher que leurs homologues thermiques, pour un modèle donné.

"Un énorme problème de trésorerie"

"Nous sommes à un niveau bas d'activité (en France), on est à 55% d'activité dans nos usines aujourd'hui, nous sommes à -25% sur le marché (du véhicule neuf en France). (...) Il va falloir reconstituer les stocks quand l'activité va redémarrer, c'est une industrie qui a besoin de beaucoup de fonds de roulement et donc il y a besoin de cash. Aujourd'hui, on a un énorme problème de trésorerie dans les entreprises, qui vont avoir du mal à rembourser leur prêt garanti par l'Etat (PGE)", a alerté le représentant de la filière automobile.

Parmi les réponses proposées par le ministère de l'Economie, Luc Chatel a cité la souscription de nouveaux PGE jusqu'à l'été prochain, les prêts à l'investissement sur 10 ans de Bpifrance ou encore les avances remboursables.

"Notre demande spécifique à l'automobile, avec le risque d'étouffement des PME de la filière (...), qu'il y ait un nouveau report possible (des remboursements des PGE qui arrivent à échéance). Pour certains secteurs, avec au cas par cas la possibilité de décaler le report de remboursements des premières échéances, au moins d'un an, peut-être deux, nous avons eu un engagement du ministre pour travailler à des mesures spécifiques avec son cabinet."
https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto