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L'Alsace sera-t-elle l'Eldorado pour la production du lithium des batteries?

Le sous-sol alsacien renferme du lithium qui permettrait de subvenir à partir de 2025, en partie, aux besoins de la France, a-t-on appris auprès des énergéticiens ES et Fonroche. Cet élément métallique, extrait en Amérique du sud et en Australie, est vital pour les batteries rechargeables des véhicules électriques notamment.

Les sociétés Électricité de Strasbourg (ES), filiale d'EDF, et Fonroche Géothermie ont confirmé la présence de lithium à un niveau significatif sur plusieurs sites en Alsace dont elles explorent le sous-sol en vue d'y construire des centrales de géothermie profonde.

Dans le cadre du projet de Fonroche Géothermie à Vendenheim (Bas-Rhin), "les analyses dans les eaux extraites des puits de forage confirment la présence de lithium en qualité et quantité très prometteuse permettant d'envisager la production annuelle de quelque 1500 tonnes de lithium", a indiqué cette société. Ce volume représente 10% des besoins annuels d'approvisionnement estimés pour la France dans les prochaines années, a poursuivi Fonroche Géothermie. "Sur la base de trois centrales programmées en Alsace, Fonroche Géothermie pourrait donc fournir 30% à 40% de l'ensemble de la demande industrielle française en lithium à partir de 2023" ajoute l'entreprise.

La Chine est très active sur le marché mondial

Le lithium sert à la fabrication des batteries, notamment celles des véhicules électriques. La demande pour cet élément métallique est forte, alimentée par le consommation de lithium à destination des batteries rechargeables de type lithium-ion nécessaire au marché de l'électro-mobilité (voiture, bus, scooter) et du stockage d'énergie.

Actuellement, sa production et ses réserves se concentrent en Australie, en Chine et en Amérique du Sud (Argentine, Chili, Bolivie). Les trois plus gros producteurs historiques sont la société chilienne SQM et les sociétés américaines FMC et Albermarle Corp. Deux entreprises chinoises, Tianqi Lithium et Jiangxi Ganfeng Lithium sont aussi très actives sur le marché mondial en s'assurant le contrôle de mines en dehors de leur territoire.

La France qui projette en outre de bâtir une capacité de production de batteries dans de son projet commun industriel "d'Airbus des batteries" avec l'Allemagne verrait d'un bon oeil le début de la fin de sa dépendance totale au marché mondial pour son approvisionnement en lithium.

Une production industrielle espérée en 2025

ES a également identifié un potentiel de 1500 tonnes par an sur ses sites d'études de centrales géothermiques à plusieurs milliers de mètres de profondeur en Alsace, a indiqué sa direction. L'énergéticien compte implanter en 2021 un "démonstrateur" sur l'un de ces sites, afin de confirmer en configuration réelle la "pertinence" du chlorure de lithium prélevé dans les eaux du sous-sol, qui a été mise en évidence pour l'instant en laboratoire, a précisé Bernard Kempf, directeur du développement. Ces essais sont menés par le groupe minier Eramet dans le cadre d'un consortium de recherche qui réunit entre autres ES, le chimiste BASF et le constructeur automobile PSA, a rappelé Bernard Kempf.

La production à échelle "industrielle" pourrait ensuite être "espérée en 2025", a-t-il ajouté. "Notre devoir est de rester prudents, le chemin est encore long", a toutefois tempéré M. Kempf. Selon ES et Fonroche, la technique d'extraction en Alsace aurait un "très faible impact environnemental" permettant de produire un "lithium propre".

En France, selon un rapport du bureau du Bureau de recherches géologiques et minières (BGRM), la France recèle aussi des gisements de lithium dans le sous-sol du massif armoricain et du massif central.

Frédéric Bergé avec AFP