Green Riders et Doctibike s'allient pour devenir un champion européen de la mobilité électrique

Ces deux startups françaises, l'une de Saint Denis, l'autre de Villeurbanne, s'allient pour créer en Europe des centres de formations, de réparations et de recyclage des batteries de trottinettes, vélos, scooters et motos électriques.

La mobilité douce est une économie émergente qui pourrait transformer de petites startups locales en géant européens. Green Riders Group vise cette trajectoire. Créée à Saint-Denis (93) en 2004 par Sena Adjovi, elle ne cesse de grandir depuis son virage dans la mobilité douce en 2017.

"Nous avançons doucement, par opportunité, au fur et à mesure des rencontres", explique à BFM Business Sena Adjovi, fondateur et PDG de Green Riders Group. "En 2004, nous vendions des smartphones et c'est en découvrant les overboard que tout a basculé vers la mobilité en gardant nos compétences dans la tech".

En cinq ans et en toute discrétion, en plus de vendre des trottinettes électriques, la petite entreprise francilienne a créé un écosystème composé d'un centre de formation de techniciens spécialisés dans les batteries, un centre de développement de logiciels de gestion de flottes, des bornes de recharge dédiées aux trottinettes "pour inciter les utilisateurs à ne pas le laisser trainer n'impporte où sur les trottoirs". Une station a déjà été installée en Vendée sur le port de l'Île-d'Yeu.

En 2020, Sena Adjovi, président de Green Riders Group, a racheté Super Soco France, constructeur de scooters et motos électriques © Green Riders Group"

En 2020, la start-up se lance dans les scooters et les motos électriques en rachetant la filiale française de SuperSoco. Entre janvier et novembre 2021, les ventes ont progressé de plus de 30% selon le dernier rapport d'AAAData. Sur le mois de novembre, elles ont grimpé de 130%.

"L'annonce du stationnement payant des deux-roues thermiques dans Paris a fait partir les ventes", reconnait Sena Adjovi.

Des "Doctibike Factory" en Europe

Sa dernière acquisition est peut-être la plus stratégique. Green Riders devient actionnaire majoritaire de Doctibike. Basée à Villeurbanne, cette startup créée en 2014 par Anne-Sophie Caistiker et Pierre Francisco répare, gère le recyclage et vend des batteries et des chargeurs compatibles avec 700 marques de vélos, trottinettes, scooters ou motos.

"Nous avons la même vision de la mobilité. Cette révolution ne peut se développer de façon pérenne qu'avec du service. Doctibike vient apporter une nouvelle pierre à l'édifice de Sena", indique Anne-Sophie Caistiker qui devient directrice générale de Green Riders Group tandis que Pierre Francisco prend la direction de Doctibike.

Doctibike répare les batteries, les recycle et vend des modèles compatibles avec 700 marques de deux roues électriques. © Doctibike

Parmi les clients, les réparateurs, mais surtout les flottes qui équipent les entreprises de livraison à domicile: Dark Kitchen (Deliveroo, Frichti…) et Dark Stores (Cajoo, Dija, Gorillas), ainsi que les opérateurs de 2-roues en libre-service (Vélib, CityScoot, Lime…).

"Plus il y a de vélos électriques, de scooters, de motos et de trottinettes, plus nous travaillons. Notre concpet est de prolonger la durée de vie des vélos électriques de 6 à 8 ans en moyenne. Plus le parc vieillit, plus notre activité accélère", déclare Anne-Sophie Caistiker.

Vers un développement international

Le but est désormais de poursuivre l'extension internationale de cette startup qui monte vite. Le groupe a déjà créé une filiale à Dubaï en juin 2021. De son côté, Doctibike ouvrira en d'ici à l'été prochain des "Doctibike Factory" en Allemagne et aux Pays-Bas où elle réalise déjà 15% de son chiffre d'affaires. Le site de Villeurbanne où l’ensemble des batteries sont traitées va doubler de surface sur 2022.

“Le rapprochement avec Green Riders va nous permettre d’atteindre un leadership européen dès 2024. Le marché de la mobilité électrique est composé de beaucoup de petites sociétés, il va arriver à maturité et se concentrer; à ce moment-là nous aurons une belle longueur d’avance", se réjouit Anne-Sophie Caistiker.

Entre 2014 et 2020, le nombre de batteries traitées est passé de 20.000 à 520.000. Ensemble, le groupe compte réaliser en 2022 un chiffre d'affaires de 20 millions d'euros. Il emploie actuellement 80 salariés.

https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco