Hausse des prix de l'energie: des industriels arrêtent de produire pour ne pas perdre d'argent

Certaines industries, grandes consommatrices d'énergie, ont été contraintes de suspendre leur production pour éviter de produire à perte. La filière demande une révision des prix de l'électricité.

"Plus on produit, plus on perd"! La situation se tend pour les électro-intensifs, ces industriels qui consomment de grandes quantités d'électricité. Ce sont environ 300 sites, qui représentent environ 70% de l'énergie consommée par l'industrie en France.

Et la hausse des prix de l'électicité et du gaz ces derniers mois se répercute chèrement sur ces industries. A tel point que certains sites en France ont décidé de suspendre leur production. C'est le cas notamment de Kem One, spécialiste de la chimie du plastique, qui a suspendu ses unités d'électrolyse chlore-soude dans les Bouches-du-Rhône. Pause de production, aussi, pour le chimiste Inovyn dans le Jura.

De la même façon, on observe de fortes tensions sur l'ammoniac, un élément produit à partir de gaz et indispensable à la fabrication d'engrais. 40% de la production d'ammoniac en Europe est actuellement à l'arrêt.

"Nous demandons des mesures de court terme et plus fondamentalement des mesures de long terme", explique sur BFM Business Nicolas de Warren, président de l'Union des industries utilisatrices d'énergie.

Fabriquer des EPR

A court terme, une solution "compliquée mais que nous mettons néanmoins sur la table", consiste à augmenter le plafond de la fameuse ARENH, ces 100 twh de nucléaire que EDF vend à bas prix. "Aujourd'hui, si on pouvait augmenter un peu ce volume à 120 twh en contrepartie d'une hausse du prix." Une solution temporaire qui péserait tout de même sur les comptes d'EDF....

Mais sur le long terme, la filière souhaiterait "renégocier des contrats long terme de 5, 10 ou 15 ans" avec EDF tout en réclamant la construction de réacteurs EPR. "C’est absolument indispensable" prévient Nicolas de Warren. "D'ici 2050, la consommation d'électricité dans l'industrie sera multipliée par 3,2."

Jean-Baptiste Huet et Thomas Leroy