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Des salariés d'Ascometal à Fos-sur-Mer présentent leur propre plan de reprise

Cette reprise donnerait lieu à une gouvernance partagée transitoire, incluant des représentants des salariés ainsi que le préfet de région, le maire de Fos-sur-Mer et un député de la circonscription.

En attente d'un repreneur, des salariés du site à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) du groupe sidérurgique Ascometal, placé en redressement judiciaire, et dont le Suisse Swiss Steel veut se défaire, ont déposé jeudi leur propre projet de reprise. "Notre volonté est d'assurer un plan de continuation de l'activité avec l'ensemble des salariés", a assuré lors d'une conférence de presse le secrétaire général de l'union départementale des Bouches-du-Rhône de la CGT Olivier Mateu.

Le site de Fos-sur-Mer emploie aujourd'hui 330 salariés. Selon la CGT, 1.000 emplois sont concernés directement ou indirectement dans la zone de Fos-sur-Mer par l'avenir d'Ascometal. Cette usine avait été rachetée en 2018 par le groupe suisse Schmolz&Bickenbach - rebaptisé Swiss Steel en 2020 - en même temps que quatre autres sites d'Ascometal, Hagondange (Moselle), Custines (Meurthe-et-Moselle), Marais (Loire) et Dunkerque (Nord).

"Vivre au jour le jour"

En mars 2024, le groupe Ascometal avait annoncé être placé en redressement judiciaire pour la troisième fois en dix ans, après l'échec de son projet de vente des sites de Hagondange, Custines et du Marais. "A force, on commence à avoir l'habitude de cette situation", se désole François Lalane, 35 ans, ouvrier depuis 14 ans sur le site de Fos-sur-Mer. "On a du stress chaque jour, simplement pour savoir si on va garder notre emploi et pouvoir payer nos factures."

A côté de lui, Quentin Diaz, 23 ans, confirme ce sentiment de "vivre au jour le jour" depuis "plusieurs mois". Présent à la conférence de presse, il a reçu l'annonce de cette option de reprise interne avec "un peu d'espoir": "On est sûr d'avoir au moins une possibilité". Le projet porté par la CGT nécessiterait un financement à hauteur de 150 millions d'euros, qui devrait être apporté par l'État et la Banque publique d'investissement (BPI).

"Volonté politique"

Pour Olivier Mateu, "ce n'est pas une question d'argent, mais de volonté politique", alors que la demande en matière de sidérurgie est bien présente, selon lui. De plus, l'usine de Fos-sur-Mer s'est récemment dotée d'un four électrique, permettant la production d'un "acier très peu carboné", d'après le représentant CGT. "Ici, il n'y a que des hommes et des femmes qui veulent travailler et être respectés", martèle-t-il.

Cette reprise donnerait lieu à une gouvernance partagée transitoire, incluant des représentants des salariés ainsi que le préfet de région, le maire de Fos-sur-Mer et un député de la circonscription. "Mais si on doit attendre trente ans un repreneur sérieux, on attendra trente ans", assure Olivier Mateu.

Contacté par l'AFP, le groupe Swiss Steel n'a pas précisé si d'autres offres de reprise ont été déposées, alors que le délai pour présenter un dossier au tribunal de commerce de Strasbourg était fixé au 25 avril à midi. Fin mars, un porte-parole d'Ascométal avait indiqué à l'AFP que "des recherches de repreneurs" étaient en cours, évoquant "des marques d'intérêt sérieuses".

T.L avec AFP