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Comment le patron de STMicroelectronics explique la pénurie de composants électroniques

Jean-Marc Chéry, président du directoire et directeur général de STMicroelectronics, était l'invité ce vendredi de Good Morning Business sur BFM Business. Il est notamment revenu sur l'explosion de la demande en composants électroniques, devenue bien supérieure à l'offre.

Ruée sur les composants électroniques en 2020. Malgré la crise sanitaire, le fabricant de puces franco-italien STMicroelectronics affiche des résultats au beau fixe. Le groupe a ainsi vu son bénéfice net grimper de plus de 7% l'année passée. Pour cause: la demande pour des composants électroniques explose, provoquant déjà des phénomènes de pénurie. Jean-Marc Chéry, président du directoire et directeur général de STMicroelectronics, qui était l'invité ce vendredi matin de Good Morning Business sur BFM Business, est revenu sur ces tensions entre l'offre et la demande.

"Il y a des tendances lourdes qui se dessinent depuis quelques années sur l'électronique", souligne le dirigeant, qui évoque en premier lieu "la transformation de la mobilité". "Tout le monde est maintenant convaincu qu'il faut une mobilité beaucoup plus neutre pour l'environnement, donc le véhicule électrique, et qui soit beaucoup plus sécurisée, avec ce qu'on appelle la voiture autonome et qui est plutôt de l'assistance à la sécurité", explique-t-il. Selon lui, il faut aussi y ajouter la demande d'une industrie "moins consommatrice d'énergie" et les besoins croissants de "connectivité".

"Toutes ces grandes tendances depuis quelques années consomment énormément de composants, puisque [ce sont] l'électronique et les composants semi-conducteurs [qui rendent] toutes ces applications possibles et efficaces. C'est une tendance lourde qui sature les capacités", assure Jean-Marc Chéry.

Il faut aussi y voir une conséquence de la pandémie, qui a contraint un grand nombre de personnes à faire du télétravail, faisant "un appel massif supplémentaire d'équipements d'électronique personnels", poursuit-il.

Industrie automobile

Par ailleurs, l'industrie automobile, qui s'est complètement arrêtée au printemps, a besoin maintenant de se fournir massivement en composants électroniques.

"Un composant ça prend entre 3 et 6 mois à être fabriqué. Si vous voulez équiper un million de véhicules avec 1.000 composants par véhicule, ça demande un milliard d'investissement, si ça n'a pas été prévu. Et un milliard d'investissement, ça ne se décrète pas comme ça du jour au lendemain. Il y a eu aussi un déficit d'anticipation", estime le patron du fabricant franco-italien.

"Quand on cumule des tendances lourdes de consommation de composants, des effets anticipateurs liés au travail à la maison et des arrêts brutaux de l'industrie automobile, (…) il y a un déficit entre les capacités de fabrication et la demande (à) court-terme de toutes ces industries", analyse Jean-Marc Chéry.

J. Br.