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Comment cette imprimerie de 220 salariés en Seine-et-Marne a été plombée par son repreneur

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Cédée en 2018 par ArjoWiggins, l'imprimerie francilienne fabriquant du papier sécurisé pour billets de banque a été liquidée dès janvier 2019 et ses 220 salariés licenciés. Une enquête préliminaire du parquet de Nanterre a été ouverte, le repreneur, un fonds d'investissement suisse, n'étant pas exempt de responsabilité, selon Le Parisien.

Cette imprimerie de Seine-et-Marne, spécialisée dans les papiers pour billets de banque et documents d'identité, avait brutalement défrayé la chronique il y a tout juste un an, dans la foulée de sa liquidation judiciaire. Ses salariés avaient brûlé une partie du stock de papier sécurisé destiné aux cartes grises. Ils désiraient alerter les pouvoirs publics sur leur situation alors qu'ils occupaient le site francilien de Jouy-sur-Morin depuis la liquidation judiciaire le 16 janvier 2019 de cette imprimerie d'Arjowiggins Security.

"De toute ma vie, je n'ai jamais vu de cas où le pillage d'une société était aussi caricatural" explique au quotidien Le Parisien un avocat, Me Michel Henry. Ce juriste défend au conseil des prud'hommes de Meaux (Seine-et-Marne) de nombreux salariés parmi les 220 employés licenciés brutalement sans bénéficier d'aucun plan social.

Les repreneurs auraient laissé en plan des contrats

Cette ancienne filiale du groupe papetier Sequana croyait pourtant être tirée d'affaires après avoir été vendue en avril 2018 à un fonds d'investissement suisse, Blue Motion Technologies Holding. Mais cette reprise n'a été suivie d'aucune relance de l'activité. Pire, certains marchés remportés concernant la livraison de papiers pour billets de banque auprès d'instituts étrangers d'émission (Philippines, Mexique), n'ont pas été gérés par les nouveaux dirigeants.

"L'usine avait ainsi produit pour 14 millions d'euros de papier pour la banque centrale des Philippines. Mais la caution n'est pas payée ni les transporteurs...(...)... Un autre contrat, avec le Mexique cette fois, d'un montant de 9 millions d'euros passe sous le nez de l'usine. Les repreneurs n'ont, là encore, pas payé la fameuse caution" explique l'avocat des salariés.

Ce dernier estime que "1,7 million d'euros sont sortis des caisses de l'entreprise au profit des repreneurs, sous forme d'honoraires et commissions diverses. Certains dirigeants se signent eux-mêmes leurs propres commissions" explique Me Henry au Parisien.

Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, aurait envoyé une lettre à un des repreneurs à l'automne 2018 pour s'inquiéter de la situation financière de l'imprimerie. Rien n'y fait. L'imprimerie est liquidée en janvier 2019.

Depuis, le parquet de Nanterre a ouvert une enquête préliminaire pour déterminer quelles sont les responsabilités à mettre en cause dans ce fiasco.

En attendant, les anciens salariés licenciés ont reçu récemment une autre mauvaise nouvelle. Les services du Premier ministre ont adressé par courrier à la sénatrice Anne Chain-Larché (LR) qui défendait leur dossier, une fin de non-recevoir à leur proposition de reprendre l'imprimerie dans le cadre d'une société coopérative et participative (Scop) avec participation financière de l'État, selon le site actu.fr.

Frédéric Bergé