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Carlos Ghosn: son avocat accuse la justice japonaise de bafouer les droits de l’Homme

Un tribunal de Tokyo a décidé lundi de prolonger jusqu'au 11 janvier la garde à vue du PDG de Renault, Carlos Ghosn

Un tribunal de Tokyo a décidé lundi de prolonger jusqu'au 11 janvier la garde à vue du PDG de Renault, Carlos Ghosn - Kazuhiro NOGI, AFP

Suite à la garde à vue du patron de Renault, un avocat français fustige la justice japonaise et sa "méthode médiévale".

Lundi 31 décembre, un tribunal de Tokyo a décidé de prolonger de nouveau de 10 jours, soit jusqu'au 11 janvier, la garde à vue de Carlos Ghosn.

Quelques heures plus tard, un avocat français, Ralph Boussier, a estimé dans un communiqué au vitriol que "les droits de l'Homme sont bafoués au Japon":

"Un grand pays comme le Japon vient de nous démontrer que ce n'est pas une grande démocratie. C'est avec tristesse que le monde entier découvre que l'on peut signer toutes les conventions interna­tionales qui existent sans les respecter. Ce pays de la maîtrise de soi, de la culture du beau nous a montré sa face cachée, à savoir la laideur de son système judiciaire.
Depuis le 16 novembre, nous comprenons que les apparences étaient flatteuses pour ce pays qui pratique encore la torture Judiciaire. Comment imaginer que l’on puisse couper du monde un individu quelqu’il soit pour une durée indéterminée, au bon vouloir de la partie poursuivante. La méthode médiévale utilisée par ce système judiciaire est inacceptable pour une nation appartenant au G20 qui participe à toutes les réflexions sur le devenir de monde".

"Nous ne sommes plus au temps des samouraïs"

Le communiqué poursuit sur un mode interrogatif:

"Il faut s’indigner de cette situation, mais curieusement personne ne s’en offusque. Pourquoi? Est-il plus facile pour tous de critiquer les institutions des pays en voie de développement que celles d’un pays riche? Ce silence recèle-t-il autre chose? A savoir l’acceptation pour le monde d’une telle justice qui pourra être répliquée dans d’autres Etats? Est-ce plus facile et confortable pour les ONG de critiquer le Venezuela, la République démocratique du Congo ou les Philippines? Ou devons nous laisser croupir dans les oubliettes de l’information les individus qui même présumés innocents sont condamnés sans procès?"

L'avocat conclut:

"Non, nous ne pouvons nous taire, le Brésil, la France et le Liban doivent défendre leurs ressortissants comme ont su le faire les Etats-Unis. M. Carlos Ghosn doit être libéré sans délai et sans prolongation de sa garde-à-vue. Il doit pouvoir en toute liberté communiquer avec sa famille et ses avocats dans la langue de son choix, il faut faire cesser cette recherche moyenâgeuse de l’aveu à tout prix, même à celui des violations répétées et constantes des droits fondamentaux de l’Homme. Tous les pays respectueux des droits de l’Homme se doivent de les rappeler à l’Empire du soleil levant, nous ne sommes plus au temps des samouraïs".

La justice japonaise critiquée

Pour mémoire, Carlos Ghosn est détenu au Japon depuis le 19 novembre et déjà inculpé une première fois pour avoir minoré ses revenus sur 5 ans dans des documents remis aux autorités boursières japonaises.

La décision de lundi ne signifie pas que l'ancien patron de Nissan sera automatiquement libéré le 11 janvier ou le jour suivant, le parquet pouvant en théorie relancer une garde à vue sur de nouvelles charges. Parallèlement, Carlos Ghosn est aussi en détention provisoire suite à la première inculpation, ce qui signifie qu'une libération ne peut avoir lieu qu'après la fin de toute garde à vue et sur acceptation par le tribunal d'une demande de mise en liberté sous caution.

Cette longue garde à vue a étonné à l'étranger, et le système judiciaire japonais s'est trouvé sous le feu des critiques, notamment car l'avocat de Carlos Ghosn ne peut assister aux interrogatoires. Toutefois, ses avocats pourront exceptionnellement voir leur client les 2 et 3 janvier.

Carlos Ghosn
Carlos Ghosn © Gal ROMA, AFP
Jamal Henni avec Sarah-Lou Cohen et AFP