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"Ça représente 0,1%": un an après son autorisation, la vente de médicaments à l'unité peine encore à convaincre

Un an après son autorisation, la vente de médicaments à l'unité peine encore à convaincre

Un an après son autorisation, la vente de médicaments à l'unité peine encore à convaincre - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP

Il y a un an, la France autorisait la vente de certains médicaments à l'unité dans les pharmacies, un dispositif censé lutter contre le gaspillage et la résistance aux antibiotiques mais qui reste marginal et peine à convaincre les acteurs du médicament.

La vente de médicaments à l'unité était pourtant prometteuse... "On a délivré 772.000 médicaments à l'unité entre mai et décembre 2022, avec environ 20.000 officines", qui ont chacune réalisé en moyenne 38 actes, détaille Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).

Pas de démarrage en fanfare, donc: "on réalise 600 millions d'actes de délivrance de médicaments remboursables par an. La dispensation à l'unité, ça représente 0,1%...", constate Philippe Besset.

"Une petite mesure à faible efficacité"

Ce dispositif facultatif, inscrit dans le programme du candidat Macron en 2017, mais entré en vigueur seulement en mai 2022, ne concerne qu'une petite partie des médicaments - les antibiotiques et les "stupéfiants" tels que la morphine - et laisse les acteurs du médicament dubitatifs.

"Des questions qu'on avait il y a un an n'ont toujours pas trouvé réponse. Ça reste une petite mesure, à faible efficacité et qui n'a pas été réellement étudiée en amont pour bien en mesurer les gains", estime Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l'ordre des pharmaciens.

"Si le pharmacien doit mettre ses comprimés dans un contenant, si ce contenant est en plastique, s'il faut refaire des étiquettes, réimprimer une notice... Pas certain que le bilan soit positif par rapport à une boîte en carton", relève-t-elle.

Un dispositif salué par la Direction générale de la santé

Mais pour la Direction générale de la santé, "ce dispositif présente un intérêt sur le plan sanitaire, environnemental et potentiellement financier. Il contribue à éviter l'automédication inappropriée (consommation des unités restant dans les boites) et à réduire le gaspillage des médicaments non consommés financés par la sécurité sociale".

À l'étranger, la vente à l'unité est monnaie courante dans certains pays, comme aux États-Unis où les officines reçoivent généralement les médicaments en vrac et les distribuent dans des flacons préparés par leurs soins, y mettant juste le nombre de comprimés nécessaires.

Sauf que la filière française, des laboratoire aux officines, s'est organisée autour des médicaments en boîtes industrielles, jugées plus sûres du point de vue sanitaire, calibrées pour que le nombre de gélules corresponde peu ou prou aux prescriptions médicales, conçues pour apporter les informations essentielles aux patients et faire gagner du temps aux officines.

La dispensation à l'unité, en France, contraint le pharmacien à ouvrir les boîtes, placer les comprimés prescrits dans un nouveau conditionnement pour le transport et la conservation, imprimer une notice d'information, tout en assurant le suivi des unités délivrées. L'Assurance maladie rembourse un euro à l'officine pour chaque vente

P. B. avec AFP