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Boeing 737 MAX: le Congrès américain dit avoir reçu des documents préoccupants

Boeing a inscrit dans ses comptes en juillet une charge de 5,6 milliards de dollars pour les compensations aux compagnies aériennes qui ont dû annuler des milliers de vols et remplacer les 737 MAX dans leurs programmes par d'autres appareils.

Boeing a inscrit dans ses comptes en juillet une charge de 5,6 milliards de dollars pour les compensations aux compagnies aériennes qui ont dû annuler des milliers de vols et remplacer les 737 MAX dans leurs programmes par d'autres appareils. - Stephane Brashaer - AFP

Très peu de temps après la démission du directeur exécutif de Boeing, Dennis Muilenburg, l'entreprise transmet au Congrès des documents jugés inquiétants.

La crise du 737 MAX n'en finit plus. Boeing a transmis, de sa propre initiative, à la commission des Transports du Congrès américain de nouveaux documents préoccupants semblant mettre en cause la réponse du groupe aux problèmes de sécurité entourant l'avion.

Le constructeur américain a envoyé ces documents lundi 23 décembre "tard dans la soirée", soit après l'annonce de la démission, avec effet immédiat, de son directeur exécutif, Dennis Muilenburg, a indiqué un assistant de cette commission sans dire si les deux éléments étaient liés. Le régulateur aérien américain (FAA) a de son côté confirmé avoir aussi reçu ces documents.

La commission des Transports mène actuellement une enquête sur le 737 MAX, cloué au sol depuis mars à la suite de deux accidents meurtriers qui ont fait 346 morts. L'assistant au Congrès n'a en revanche pas précisé si ces documents relataient la situation avant ou après les accidents de Lion Air et d'Ethiopian Airlines, survenus en octobre 2018 et mars 2019. Il s'est également refusé à en dévoiler le contenu exact.

Confiance écornée 

"Le personnel continue d'examiner ces dossiers mais, à l'instar d'autres dossiers précédemment divulgués par Boeing, ils semblent montrer un tableau très inquiétant", a expliqué l'assistant au Congrès, probable allusion à la révélation il y a quelques mois de messages internes d'un ancien pilote d'essai de Boeing, Mark Forkner, dont les courriels évoquant des problèmes sur le simulateur de vol du 737 Max en 2016 avaient fait la Une des journaux.

Selon la commission, les nouveaux documents évoquent à la fois la préoccupation exprimée par des employés de Boeing "sur l'engagement de l'entreprise concernant la sécurité" et "les efforts de certains employés pour que les projets de production (...) ne soient pas contrariés par les régulateurs ou autres".

Les multiples enquêtes menées aussi bien par les autorités de l'aviation en Indonésie, où s'est écrasé l'avion de Lion Air, que par les enquêteurs éthiopiens après l'accident d'un appareil d'Ethiopian Airlines, ont mis en cause le logiciel anti-décrochage MCAS de l'appareil.

Elles ont aussi pointé de multiples manquements du constructeur, allant d'un manque de redondance de certains systèmes à un défaut d'informations et de formation des pilotes. Aux Etats-Unis, les enquêtes au sein de commissions parlementaires ont par ailleurs mis en évidence une relation très étroite entre la FAA et le constructeur, les autorités fédérales ayant laissé des pans entiers du processus de certification du 737 MAX aux mains de Boeing.

Démission du directeur exécutif

"A l'instar de documents précédents mentionnés par la commission, le ton et le contenu de certaines de ces communications ne reflètent pas l'entreprise que nous devons être", a réagi Boeing. "Nous avons fait des changements importants en tant qu'entreprise au cours des neuf derniers mois pour renforcer nos dispositifs, notre organisation et notre culture en matière de sécurité", a ajouté le groupe.

Les correctifs apportés par l'avionneur n'ont toutefois pas encore été validés par les autorités de sécurité aérienne. Et, faute d'obtenir la remise en service de son avion vedette, Boeing a dû se résigner à annoncer l'arrêt de la production de son avion à partir de janvier pour une durée indéterminée. Lundi, l'entreprise a annoncé la démission immédiate de son directeur exécutif Dennis Muilenburg, 55 ans, vertement critiqué pour sa gestion de la crise du 737 MAX.

Il sera remplacé par l'actuel président du Conseil d'administration David Calhoun, 62 ans, à partir du 13 janvier. Actuel directeur général de la société d'investissement Blackstone, il aura la lourde tâche de restaurer la confiance dans Boeing.

S.A. avec AFP