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Boeing 737 Max 8 cloués au sol pour motifs techniques: un cas sans précédent par son ampleur

Le 4 novembre 2010, un A380 de Qantas a vu un de ses quatre réacteurs exploser en vol, quelques minutes après son décollage de Singapour pour Sydney.

Le 4 novembre 2010, un A380 de Qantas a vu un de ses quatre réacteurs exploser en vol, quelques minutes après son décollage de Singapour pour Sydney. - Roslan Rahman-AFP

L'interdiction de vol qui frappe les Boeing 737 MAX 8 concerne désormais toute l'Europe et de nombreux autres pays. Même si d'autres modèles d'avions ont eu à faire face à ce type de déconvenues lors de leur démarrage commercial, jamais elles n'avaient atteint une telle ampleur.

Pour Boeing le coup est évidemment rude. Depuis le crash survenu le 10 mars en Éthiopie, son 737 MAX 8 est condamné à rester au sol dans toute l'Europe et dans de nombreux autres pays, en attendant que soient levés les graves soupçons de problèmes techniques susceptibles d'être à l'origine de la mort de 157 passagers et membres d'équipage. L'avalanche d'interdictions nationales de vol  a même atteint un niveau inédit dans l'histoire de l'aviation civile, tant par le nombre de pays que par celui des compagnies aériennes.

D'ordinaire, ces mesures de suspension, souvent provisoires, sont prises à titre conservatoire par quelques pays et compagnies, le temps pour les autorités compétentes de mener une enquête et pour le constructeur de corriger le défaut (matériel ou logiciel) en cause dans le crash ou l'incident de vol. Pour autant, les interdictions de vol (temporaires) de modèles d'avions, souvent récents, ont émaillé l'histoire récente de l'industrie aéronautique, aussi bien chez Airbus que Boeing.

Airbus A380

Novembre 2010: un A380 de la compagnie australienne Qantas est victime d'un grave problème de réacteur. En plein vol, il a subi lors de l'incident une rupture d'un tuyau d'alimentation en carburant qui aurait pu provoquer une explosion de l'appareil. Les éléments du moteur Rolls-Royce victime d'une explosion en plein vol ont percé l'aile de l'appareil, ratant de peu un réservoir mais sectionnant au passage un tuyau d'alimentation en carburant. Les six Airbus 380 de la compagnie vont rester immobilisés plusieurs semaines. Qantas déclare par la suite que 40 moteurs Trent 900 Rolls-Royce équipant des A380 dans le monde doivent être remplacés.

Boeing Dreamliner 787

Janvier 2013: une cinquantaine de Boeing 787, dont 24 exploités par les deux grandes compagnies japonaises (ANA et JAL) sont cloués au sol par la FAA, l’autorité américaine de sécurité aérienne, à la suite de l'interdiction de tous les vols de cet appareil à travers le monde. En cause: des problèmes de surchauffe anormale de batterie rencontrés au Japon. Avant cette décision sévère, la FAA avait ordonné aux six Boeing d’United Airlines de rester au sol. Puis, dans la foulée, c’est l’AESA (Agence européenne de la sécurité aérienne) qui a bloqué au sol les deux exemplaires de la compagnie polonaise Lot. Après modification du dispositif qui entoure les accumulateurs concernés pour contenir leur surchauffe, le 787 n'avait été autorisé à redécoller qu'à la fin du mois d'avril 2013.

Airbus A400M

9 mai 2015. L'avion de transport militaire européen connaît coup d'arrêt lors du crash à Séville (Espagne) d'un des premiers exemplaires en vol d'essai, ayant provoquant le décès de quatre personnes. En cause, l'un des programmes informatiques de contrôle des moteurs intégrés au régulateur numérique de l'aéronef qui aurait été mal installé. Ce défaut a eu pour grave conséquence de bloquer au décollage trois moteurs sur quatre du premier modèle destiné à la Turquie lors de ce vol d'essai en Andalousie. Dans la foulée, par mesure de précaution, l'Allemagne, la Malaisie, la Turquie et le Royaume-Uni suspendent alors les vols de leurs A400M. De son côté, la France choisit de maintenir les vols "extrêmement prioritaires" sur ses théâtres d'opération. Les Airbus sortis d'usine à Séville mais non encore livrés sont également interdits de vol. L'armée française lèvera les restrictions de vols de ses appareils déjà livrés le 25 juin 2015.

Airbus Helicopter Super Puma

Utilisé pour le transport d'équipements et de personnel sur les plateformes pétrolières exploitées en mer, les hélicoptères "lourds" de la famille Super Puma H 225 ont connu quatre accidents graves entre 2012 et 2015. Fin 2012, ils sont provisoirement cloués au sol au Royaume-Uni et en Norvège après que deux appareils eurent été contraints d'amerrir en urgence en Mer du Nord, sans causer de pertes humaines. En cause, la rupture d'un arbre de transmission de la boîte de transmission. Mais c'est surtout le crash d'un aéronef en Norvège fin avril 2016, causant le décès de 13 personnes, qui a marqué les esprits. Début juin 2016, l'autorité européenne de sécurité aérienne (AESA) pour l'Europe et l'administration américaine de l'aviation civile (FAA) pour les États-Unis décide d'interdire de vol les H225 (EC225 LP) et AS332 L2 Super Puma. Il faudra attendre quatre mois pour que l'AESA suspende cette interdiction.

Frédéric Bergé