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Bataille entre Pfizer et Moderna pour la paternité de la technologie de l'ARN messager

Des employés testent les procédures de fabrication de l'ARN messager (ARNm) du vaccin contre le Covid-19 sur le nouveau site de production de la société allemande BioNTech, le 27 mars 2021 à Marbourg en Allemagne

Des employés testent les procédures de fabrication de l'ARN messager (ARNm) du vaccin contre le Covid-19 sur le nouveau site de production de la société allemande BioNTech, le 27 mars 2021 à Marbourg en Allemagne - Thomas Lohnes © 2019 AFP

Qui a inventé la technologie de l'ARN messager? Celle qui a permis de développer des vaccins contre le Covid-19 en un temps record fait l'objet d'une bataille juridique entre Moderna et Pfizer-BioNtech.

"ARN messager". Le terme a le don de ramener instantanément celui qui le lit ou l'entend aux "années Covid". Alors que la planète était paralysée par une crise sanitaire aussi soudaine que violente, les laboratoires pharmaceutiques multipliaient les tentatives pour développer un vaccin contre le Covid-19. Une course effrénée finalement débloquée par l'émergence d'une technologie novatrice: l'ARN messager.

Trois ans plus tard, le Covid est derrière nous, les laboratoires sont retournés à leurs recherches habituelles. Mais en coulisses, la bataille fait rage pour la paternité de l'ARN messager. Et c'est Moderna qui est à l'offensive. Le laboratoire accuse Pfizer de violation de brevets. Il estime que son concurrent a copié des éléments de sa technologie sans autorisation et surtout sans redevance. Le géant américain réplique, lui, en assurant que les brevets en question sont invalides. Bataille qui se poursuit à partir de ce mercredi à Londres devant les tribunaux.

Quatre décennies de recherche à défricher

Difficile, voire impossible de démêler le vrai du faux. L'un des brevets, par exemple, concernerait une innovation trouvée par deux chercheurs de l'université de Pennsylvanie il y a plus de 20 ans. L'un de ces scientifiques, prix Nobel l'an dernier pour sa contribution déterminante, est parti ensuite rejoindre les équipes de BioNtech pendant que Moderna signait un partenariat avec l'université.

Nicolas Poincaré : Médecine, la révolution de l'ARN messager - 14/05 - 7h50
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Prouver la paternité de cette technologie est un vrai défi, car les prouesses de l'ARN messager sont l'aboutissement de quatre décennies de recherches, et de contributions de plusieurs équipes scientifiques, académiques ou venant de start-up. Près d'une centaine de brevets a été déposée et les plaintes pour violation sont courantes.

BioNtech a ainsi été mis en cause un moment en Allemagne par son compatriote Curevac. Moderna est lui-même poursuivi par les petites entreprises de biotechnologies Arbutus Biopharma Corporation et Genevant Sciences. Un tribunal de district du Delaware, aux États-Unis, vient d'ailleurs de leur donner raison.

L'ARN messager, poule aux œufs d'or pour les laboratoires

Le souci est finalement que les deux vaccins de Pfizer et Moderna se ressemblent énormément, plus ou moins dosés, avec seulement des petites différences entre les capsules qui entourent l'ARN. Or tous les brevets déposés incluent des extensions les plus larges possible. Est-ce que le vaccin de BioNtech est un variant de celui de Moderna ou l'inverse? Les deux ont été commercialisés pratiquement en même temps, ils sont jugés à peu près aussi efficaces l'un que l'autre.

La plainte initiale de Moderna date de 2022 et aucun des deux laboratoires n'a l'intention de lâcher l'affaire. Il s'agit d'un combat stratégique qui va bien au-delà des vaccins anti-Covid. L'ARN messager est en effet considéré comme la poule aux œufs d'or dans le développement d'une nouvelle génération de médicaments. Une folle promesse dans le traitement par exemple des maladies génétiques, l'hémophilie, le diabète et le cancer.

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Cette technologie devrait assurer en tout cas les prochaines recettes des laboratoires pour les décennies à venir. D'après les experts du secteur pharmaceutique, les deux groupes ont tout intérêt à pacifier leurs relations et se partager les ventes futures.

Hélène Cornet