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Airbus triple son bénéfice net au premier trimestre, malgré la crise ukrainienne

Airbus a vu son bénéfice plus que tripler sur un an au premier trimestre, à 1,22 milliard d'euros, malgré l'effet des sanctions contre la Russie après l'invasion de l'Ukraine.

Fort d'un premier trimestre "solide" avec une croissance de toutes ses activités malgré la crise ukrainienne, Airbus a affiché mercredi de grandes ambitions en visant une production mensuelle de 75 appareils A320 en 2025, du jamais-vu pour ses monocouloirs vedettes. Le géant industriel, qui, comme tout le secteur aéronautique, avait gravement souffert de la crise du Covid-19, a vu son bénéfice plus que tripler sur un an au premier trimestre, à 1,22 milliard d'euros.

Ce résultat a été obtenu sur un chiffre d'affaires de 12 milliards d'euros, en hausse de 15% sur un an, "reflétant essentiellement la hausse des livraisons d'avions commerciaux", a précisé le groupe dans un communiqué.

Airbus a livré 142 avions commerciaux (dont 109 de la famille A320) entre début janvier et fin mars, contre 125 lors de la même période de l'année dernière. Cette branche a vu ses ventes croître de 17% en valeur. La branche hélicoptères, de son côté, a livré autant d'hélicoptères qu'un an plus tôt, soit 39 unités, mais le chiffre d'affaires a crû de 7% "reflétant la croissance des activités de services" et des produits plus haut de gamme. Enfin, les ventes de la branche militaire et spatiale ont progressé de 16%, notamment grâce à la signature du contrat Eurodrone.

720 livraisons en 2022

Alors que les sanctions contre la Russie après son invasion de l'Ukraine ont particulièrement touché le secteur aéronautique et spatial, ces chiffres "reflètent la solide performance de nos activités avions commerciaux, hélicoptères et défense", a salué le président exécutif d'Airbus, Guillaume Faury, cité dans le communiqué.

"Nos prévisions pour 2022 restent inchangées, bien que le profil de risque pour le reste de l'année s'avère plus difficile en raison de la complexité du contexte géopolitique et économique", a-t-il ajouté. Airbus vise donc toujours notamment la livraison de 720 appareils commerciaux cette année.

Au-delà de l'exercice en cours, "nous anticipons une croissance soutenue de la demande d'avions commerciaux portée par la famille A320", l'appareil à succès de la gamme de l'avionneur, a affirmé le dirigeant. "Par conséquent, nous collaborons étroitement avec nos partenaires industriels afin d'augmenter la cadence de production de la famille A320 pour atteindre 75 exemplaires par mois en 2025", a-t-il révélé.

Cet objectif désormais officiel avait déjà été évoqué en filigrane par Airbus, qui visait jusqu'alors une montée en puissance de sa production à 65 exemplaires mensuels à l'été 2023, un nombre lui aussi jamais atteint. Fin 2021, le rythme de sortie de cet appareil des usines n'était encore que de 45 unités par mois, après une chute pendant la crise sanitaire.

Retard pour l'A321XLR

"Airbus obtiendra des cadences de production plus élevées en étendant les capacités des sites industriels existants et en renforçant sa présence industrielle à Mobile (États-Unis), tout en investissant dans tous les sites d'assemblage de ses avions commerciaux pour qu'ils puissent produire des A321", a promis l'industriel. Ombre au tableau, Airbus a annoncé mercredi un retard dans le programme du joyau de la gamme A320, l'A321XLR, version à très long rayon d'action.

Si Airbus "continue de tabler sur un premier vol d'ici la fin du deuxième trimestre 2022" de cet appareil, "sa mise en service opérationnel devrait avoir lieu début 2024 afin de satisfaire aux exigences de certification", au lieu de fin 2023. Capable d'assurer des vols de dix heures avec jusqu'à 244 passagers à bord, cet appareil permettra d'exploiter avec un monocouloir, économies à la clé, des liaisons qui jusqu'ici ne pouvaient l'être que par des gros porteurs long-courriers.

L'appareil, commandé à plus de 500 exemplaires par 25 compagnies, n'a pas d'équivalent chez le concurrent Boeing, qui a de son côté subi une perte de 1,2 milliard de dollars au premier trimestre. Selon des informations de presse, la certification de l'A321XLR est compliquée par la nécessité de mieux isoler le cockpit d'un réservoir supplémentaire de kérosène, un élément soulevé par Boeing auprès de l'Agence européenne de sécurité aérienne (AESA).

Même avec la montée en cadence prévue, le carnet de commandes d'Airbus lui assure des années de production: il atteignait 7023 avions commerciaux au 31 mars 2022.

J. Br. avec AFP