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Airbus "prend très au sérieux" la montée en puissance du chinois Comac avec le C919

Le fabricant chinois est sur le point de mettre sur le marché son C919 qui viendra directement concurrencer les A220, A320 et Boeing 737. Sur BFM Business, Guillaume Faury, CEO d'Airbus, se dit "très attentif".

On en parle depuis plusieurs années. L'avionneur chinois Comac peut-il venir bousculer le duopole historique dans l'aviation composé de l'européen Airbus et de l'américain Boeing?

Cette perspective se rapproche désormais puisque Comac vient de terminer les vols de certification de son C919, un appareil court-moyen courrier capable de transporter 168 passagers sur 5500 km qui viendrait concurrencer directement les populaires A220 et A320 d'Airbus et le 737 de Boeing. Cet appareil pourrait être mis sur le marché dès l'an prochain.

Jusqu'à aujourd'hui, Comac ne fait voler que le ARJ21, un biréacteur de 70 à 90 places, capable de voler sur 3700 km… en Chine uniquement, faute de remplir les conditions nécessaires pour voler en Europe ou aux Etats-Unis.

"Un acteur que l'on prend très au sérieux"

L'arrivée de C919 peut-il faire craindre des pertes de parts de marché pour l'avionneur européen, notamment en Chine, un marché qui est devenu stratégique en terme de volumes?

Invité de BFM Business ce jeudi, Guillaume Faury, directeur exécutif d'Airbus affiche une certaine sérénité mais ne sous-estime absolument pas ce nouvel adversaire.

"Il semblerait qu'on se rapproche de la mise en service du 919 de Comac et donc en effet, on aura un nouvel acteur sur le marché. On a déjà eu dans le passé d'autres tentatives par d'autres constructeurs de venir bousculer la compétition Airbus/Boeing dans le segment des courts et moyens courriers. C'est un acteur que l'on prend très au sérieux", souligne le dirigeant.

Néanmoins, "il leur faudra beaucoup de temps avant d'arriver à faire la montée en cadence, la fiabilisation de l'avion pour pouvoir être un des trois joueurs, sachant qu'aujourd'hui c'est Boeing et Airbus qui dominent très largement", poursuit-il.

L'atout du marché domestique

"L'énorme marché domestique est un atout de taille pour Comac, de quoi constituer un risque pour Airbus avec des compagnies locales qui ont multiplié les commandes pour ce C919. "Ils ont un marché un peu captif où ils vont pouvoir commencer à vendre, à mettre en service ces avions et donc on va observer avec énormément d'attention ce qui se passe avec Comac" souligne Guillaume Faury.

Pour le CEO, Airbus a toutes les armes pour préserver ses positions. "On a un concurrent américain qui historiquement est très fort. Aujourd'hui, on est passé devant eux, ça montre que les choses peuvent bouger. On pense que la meilleure façon de s'en sortir est de continuer à investir, continuer à innover et en particulier dans le domaine de la décarbonation du secteur".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business