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Aérien: le chinois Comac présente le rival de l'A320 au public et engrange 300 commandes

Le C919, premier moyen-courrier fabriqué par la Chine est le bras armé du pays pour réduire sa dépendance à Airbus et Boeing. Il est néanmoins truffé de pièces occidentales...

Le C919, premier moyen-courrier fabriqué par la Chine a effectué mardi lors du Salon international de l'aviation et de l'aérospatiale à Zhuhai sa première sortie aérienne publique depuis son approbation par les autorités de régulation.

Le biréacteur du constructeur d'Etat Comac s'est élancé sur la piste avant d'effectuer des cercles dans le ciel nuageux au-dessus de centaines de spectateurs.

Cet appareil est le bras armé du pays pour réduire sa dépendance à Airbus avec ses A320 et Boeing avec son 737MAX. Il s'agit d'un appareil court-moyen courrier capable de transporter 158 à 174 passagers sur 4075 kilomètres.

S'il n'a pas encore reçu l'autorisation de voler des régulateurs européen et américain, il devrait être très présent dans le ciel chinois au grand dam de ses deux concurrents pour qui l'empire du Milieu est hautement stratégique.

Une menace et une chance pour l'industrie aéronautique occidentale

Comac disait il y a quelques mois avoir reçu déjà plus de 800 commandes de dizaines de clients pour le C919 dont China Eastern, la deuxième compagnie aérienne du pays en termes de nombre de passagers. Elle sera livrée en décembre pour un premier décollage commercial prévu au premier trimestre 2023.

Le C919 de Comac est sur les rails
Le C919 de Comac est sur les rails © Comac

Lors de ce salon de Zhuhai, le constructeur a également annoncé 300 commandes supplémentaires pour cet appareil.

"Ils ont un marché un peu captif où ils vont pouvoir commencer à vendre, à mettre en service ces avions et donc on va observer avec énormément d'attention ce qui se passe avec Comac", soulignait d'ailleurs sur BFM Business Guillaume Faury, PDG d'Airbus.

Comac pourrait en outre profiter des déboires de Boeing en Chine. Le 737 MAX est toujours cloué au sol depuis 2019 après deux crashs ayant fait des centaines de victimes. Le constructeur américain a cependant déclaré en juillet que l'avion pourrait obtenir le feu vert des régulateurs cette année pour revoler dans le ciel chinois.

Plus de 1100 commandes

Mais ces progrès ont été ralentis par les tensions commerciales persistantes entre Pékin et Washington et par l'accident meurtrier cette année en Chine d'un Boeing 737-800, la pire catastrophe de l'aviation civile chinoise avec 132 victimes.

Si le C919 est une menace à moyen-terme pour les industries aéronautiques européennes et américaines, il représente également une chance.

Provenance des pièces du C919 de Comac
Provenance des pièces du C919 de Comac © DR

Il est en effet largement composé de pièces occidentales, notamment ses moteurs (le Leap-1C) fabriqués par le consortium franco-américain CFM International regroupant General Electric et Safran.

Reste que la présence d'autant de pièces étrangères agace Pékin qui exhorte Comac à réduire rapidement leur utilisation. Un objectif qui prendra du temps. Il faudra donc encore quelques années pour que l'industrie aéronautique chinoise soit complètement autonome.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business