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"Ils redoutent que les factures ne soient plus payées": les fournisseurs de Casino en mode survie

Une enseigne d'un magasin Casino à Tassin-la-Demi-Lune (Rhône)

Une enseigne d'un magasin Casino à Tassin-la-Demi-Lune (Rhône) - JEFF PACHOUD / AFP

Face à la situation financière de Casino, de plus en plus critique, les fournisseurs s'inquiètent, mais s'organisent, pour ne pas précipiter la chute de cet important client.

Parmi les fournisseurs de Casino, leurs fortunes sont aussi diverses que leurs tailles. Les plus gros que nous avons contactés ne s'inquiètent pas plus que cela: "Casino paie mal et tardivement, mais comme avant", nous dit l'un d'entre eux. Les géants de l'industrie agroalimentaire disposent d'une arme au cas où, celle de ne plus livrer. Mais "on n'en est pas là", nous précise cet acteur.

La situation est plus pénible pour de nombreux fournisseurs, plus petits, qui ont "deux craintes", d'après une source: "À court terme, ils redoutent que les factures ne soient plus payées" et à long terme, "la crainte, c'est la disparition de Casino, la concentration du secteur, moins d'enseignes, moins de latitude dans les négociations commerciales et donc une réduction des marges". Alors, un certain nombre d'entreprises décident de "jouer le jeu et elles continuent de livrer", quitte à "ne pas être payées", nous dit-on, de crainte que Casino ne disparaisse.

"Cela tuerait nos clients!

Du côté des assureurs-crédits -qui garantissent ces fournisseurs contre les risques d'impayés- c'est un peu le même son de cloche. Tous surveillent la situation du distributeur de très près. On comprend que l'un d'entre eux a réduit ses couvertures.

"Nos garanties s'ajustent en temps réel", nous explique-t-on. Donc, "quand une entreprise va moins bien, ces garanties ont tendance à réduire". Globalement, nous dit un autre acteur, "cela fait trois ans que l'incertitude est très forte dans l'alimentaire, entre le Covid, la guerre et les problématiques sur le climat".

Les assureurs-crédits comptent pas mal de clients dans ce secteur d'activité. Mais chez ces assureurs, on martèle qu'il n'est pas question de lâcher Casino. "On ne se retire jamais brutalement de nos couvertures pour ne pas mettre en difficulté nos propres clients", nous dit une source. "Si l'on retirait nos couvertures sur Casino, précise-t-elle, cela tuerait nos clients!" Tout le monde se soutient, donc, pour éviter d'être précipité dans la chute de Casino.

Pauline Tattevin